Portrait: François Sauvestre


François, être prêt et loin, tout à la fois

François Sauvestre, c’est une soif de voyage doublée d’un attachement profond à sa région natale, le Maine-et-Loire.

Ses amis le décrivent comme souvent « à l’ouest ». Ils n’ont pas totalement tord. Sa maman s’amuse à dire qu’il a « débarqué » un 6 juin, en 1987 à Beaupréau. François y grandit, puis part faire des études d’histoire à Angers, à 60 km. Quelques années plus tard, il craque pour le journalisme. Stagiaire a Ouest France en 2005, il devient, par la suite, pigiste au Courrier de l’Ouest.

François, c’est aussi une certaine nonchalance, des cheveux bruns en broussailles et un regard profond. Très réfléchi, il parle en se caressant le menton. Ce calme, il l’a sûrement ramené d’Afrique. En 2003, ses parents lui font découvrir le Sénégal. Il y rencontre Babakar, qui deviendra ce qu’il appelle son « frère africain ». À son retour, François multiplie les engagements. Il rejoint l’association humanitaire d’une cousine, Cap Sénégal, puis se met à militer pour les droits des sans-papiers. En 2004, il repart seul au Sénégal. Un« putain de souvenir ». En 2006, c’est le Cameroun, suivi de l’Argentine l’année suivante. Il explique que s’il ne fait pas grand chose dans sa vie, au moins il aura voyagé. Son prochain projet : continuer sa visite de l’Afrique, mais plus au sud. Il rêve d’un safari au Kenya ou d’arpenter les déserts de Namibie.

Idéalement, François souhaiterait travailler à l’international dans la presse quotidienne régionale. Faire le lien entre le lointain, l’étranger et le proche. Une mission taillée sur mesure pour François.

La Biennale des enfants

Reportage radio sur les ateliers pour enfants de la Biennale d'Art Contemporain de Lyon.

Comparution immédiate : l’alcoolisme à la barre


En état de manque, après plusieurs jours passés en prison, Saïd, 44 ans, pénètre dans la salle du palais de justice de Lyon. Un défilé de comparutions immédiates est au programme ce mardi après-midi. Saïd est gravement malade. Diagnostic : alcoolodépendance.

Saïd a déjà comparu le 16 octobre dernier, au lendemain d’un vol de bouteilles de vin au magasin Ed d’Oullins, la ville où il réside. En réalité il y a eu deux tentatives de vol. Le premier jour, il tente de voler trois bouteilles de vin, avant que la caissière ne s’en aperçoive et les retire de son cabas en lui demandant de ne plus remettre les pieds dans le supermarché. Le lendemain, il revient et adopte une autre tactique, cacher les bouteilles dans son pantalon. Là encore il est repéré. Un client essaie de discuter avec lui et de lui faire payer les bouteilles. En vain. Il explique qu’il a soif et s’enfuit avec son maigre butin. Comme si n’on allait pas le reconnaître. Ivre au moment des faits, Saïd ne se souvient plus avoir volé.

Un mois plus tard, le revoilà devant la Cour. Il a bénéficié d’un délai pour préparer sa défense. Un mois déjà qu’il dort en prison. Il reconnaît tout de suite qu’il a un problème. « Je bois et je suis suivi par un psychiatre » explique-t-il avant de minimiser les faits. Pour lui, ce vol « c’est de la gaminerie ». Peine perdue car son casier judiciaire est déjà bien rempli. 16 condamnations, toutes liées à ses problèmes d’alcool, des vols, des violences, certaines sur sa femme, délits de fuite, conduites sous l’emprise de l’alcool… Son permis lui a d’ailleurs été retiré en 2002. C’est que les choses allaient déjà mal. Sa vie s’est ensuite enfoncée dans la spirale de l’alcool. Divorcé depuis 2006, ses quatre enfants vivent désormais chez leur mère. Sans emploi, il est aujourd’hui SDF et passe parfois chez ses parents pour récupérer son courrier. Saïd a connu la prison ferme, après les menaces de sursis et les mises à l’épreuve. Sorti de détention en juillet 2009, il vit aujourd’hui grâce à ses 900 euros d’Assedic.

La Cour admet que les mesures prises par le passé sont inefficaces pour prévenir la récidive. Elle doit pourtant juger ce malade, peu conscient de ses gestes, mais dangereux pour la société dont il se permet d’enfreindre les règles. « Vous aimez ce qui est bon » plaisante le président de la Cour en parcourant des yeux le dossier du prévenu et la liste des produits volés. Un total de 36 euros, pour dix bouteilles volées. L’avocate de Saïd s’indigne. La cinquantaine, le président a une tête de bon vivant. Peut être est-il lui-même amateur de vin. « Vous n’êtes pas le seul à avoir des problèmes avec l’alcool », annonce-t-il « mais payez au moins vos bouteilles ! ». Il poursuit : « Ce qui est inquiétant ce n’est pas les faits, mais la récidive, surtout à votre âge ».

L’avocate de Saïd, une jeune trentenaire débutante, cherche ses mots. Elle explique que si elle n’a rien à dire sur les faits, le préjudice en lui-même est minimal. Son client a besoin de soins avant tout. Elle ajoute enfin que ses quatre enfants ont besoin de leur père, et qu’il faut en tenir compte. Reste à savoir si la Cour sera sensible a ce genre d’arguments. Qui pourrait rêver d’un papa comme ça ?

Verdict : deux mois d’emprisonnement ferme. « Au moins pendant ce temps-là vous n’ennuyez personne » ajoute le juge. Un élément de plus accolé à son CV d’alcoolique.

Pourquoi les films X sont-ils appelés ainsi ?


Depuis l’antiquité la lettre X symbolise l’interdit et l’exclusion. Les Grecs stigmatisaient les chrétiens en marquant leurs portes d’un X, une croix, symbolisant « christos », le Christ. Au Moyen-âge, les lieux habités par les pestiférés étaient marqués de cette même lettre. Pas étonnant alors que le X signifie, en anglais, une croix que l’on trace pour barrer, annuler ou indiquer une erreur.

En 1968, cette lettre est reprise par l’Association of America for Movies dans sa classification des films, pour nommer les oeuvres interdites aux moins de 17 ans. Sept ans plus tard, la France adopte, elle aussi, un système de classification, appelée « loi X » calquée sur ce qui existe dans le monde anglo-saxon.
Cependant la classification X ne concernait que les films sortis en salle. Fait très rare aujourd’hui. En parallèle, la classification a évolué, remplaçant la catégorie X par la catégorie NC-17. Il n’existe donc plus, de film X à proprement parler. Seulement des films pornographiques.

Combien va rapporter la main de Thierry Henry ?


39 centimes d’euros, c’est ce qu’a rapporté à Alain, buraliste depuis 15 ans, la main de Thierry Henry. Celle qui a qualifié la France pour la Coupe du monde de football en juin prochain. Le calcul est simple, avec une marge de 13 centimes, il a vendu trois exemplaires supplémentaires de l’Equipe. Si la France atteint la finale et joue sept matches en Afrique du Sud, ce commerçant de l’avenue Berthelot peut donc espérer gagner 2 euros et 73 centimes.

Comme bien souvent, ce sont les plus grands qui ramasseront le plus. Adidas espère, grâce à cette qualification, vendre 500 000 maillots des bleus. Chez TF1, on est aussi rassuré. Car un match de l’équipe de France rapporte deux fois plus qu’un match sans les bleus. Certains économistes évoquent même un pourcentage de croissance de 0,5% supplémentaire pour le pays champion du monde. L’optimisme fait consommer.

Au petit Casino, Myriam explique que les ventes de bières augmentent d’environ 30% les jours de match. « Et oui, tous les jeunes viennent chercher leur pack ! », plaisante-t-elle. Chez Joël et Flo, propriétaires d’une brasserie rue de Marseille, l’heure est à l’optimisme. « Les matches se jouent à l’heure de l’apéro ! », se réjouit Joël. De quoi remplir leur grande terrasse l’été prochain.

Même si cela ne profite pas tellement aux commerçants du quartier, au moins cela fait parler au boulot. Marcel, assureur chez Generali nous a confié qu’il était prêt à assurer cette main en or qui risque de rapporter gros. Zinedine Zidane est déjà l’image du groupe dans ses campagnes publicitaires. Mais là encore, c’est Generali et non Marcel qui risque de plus en profiter…

Article réalisé avec Julie Lotz

Laure Manaudou : de l’ado à la mère, le parcours initiatique


« L’Or Manaudou » ou « La sirène des bassins », on hésite encore pour le titre. Mais on n’en doute pas, les premières années de la vie de Laure Manaudou pourraient facilement être adaptées au cinéma. Son adolescence est marquée par l’instabilité des lieux, des sentiments et des performances sportives. Un véritable parcours initiatique.

Née le 9 octobre 1986 à Villeurbanne (Rhône), Laure Manaudou n’a que cinq ans quand ses parents l’inscrivent à la natation. Ils ne se doutent pas encore qu’elle va devenir la plus grande nageuse française de l’histoire. Très vite, la petite fille montre d’intéressantes dispositions et intègre le club de natation d’Ambérieu-en-Bugey. A 14 ans, elle quitte le domicile familial et s’installe à Melun chez son entraîneur, Philippe Lucas. Une relation fusionnelle faite d'or et de records.

L’histoire d’une ascension fulgurante

Athènes, la révélation. Elle y remporte trois médailles olympiques en 2004, dont l’or sur 400 mètres. Les médias et le public commencent à parler d'elle, ce qui ne l'empêche pas de poursuivre son ascension victorieuse. En août 2006, elle se dépasse encore, décrochant non moins de sept médailles lors des championnats d'Europe de Budapest. En à peine trois ans, Laure Manaudou a gagné trois médailles olympiques, six médailles mondiales et treize médailles européennes. Elle devient LA nageuse française aux yeux du public et est désignée nageuse de l'année 2007 par le mensuel américain Swimming World Magazine.

La rupture avec le « père »

L’année 2007 marque aussi sa rupture avec Philippe Lucas, son « coach », qui l’a formée, et propulsée au sommet. Elle le quitte pour le club turinois de LaPresse Nuoto, pour se rapprocher de son petit ami, le nageur italien Luca Marin. C’est le début d’une instabilité chronique, de cœur et de clubs. En quelques mois, elle quittera le club italien, pour cause de désaccord avec son entraîneur. Parallèlement, elle quitte son éphèbe italien. De retour pour quelques mois à Ambérieu-en-Bugey, elle rejoint ensuite le club du Canet-en-Roussillon, puis le Mulhouse Olympique Natation où elle vivra une brève idylle avec le dossiste français Benjamin Stasiulis. Elle rejoint ensuite son dernier club, le Cercle des nageurs de Marseille. Des mois de transit, marqués par quelques erreurs de jeunesse : la diffusion de photos intimes sur Internet et ses relations ambiguës avec la presse people, pour qui elle a tout d’une cible parfaite. Une jeune et jolie sportive à la vie pleine de rebondissements.

La désillusion des JO de Pékin

En 2008, les jeux olympiques de Pékin sont pour elle une humiliation. Alignée sur 400 mètres nage libre — distance sur laquelle elle a obtenu l'or olympique lors des Jeux d'Athènes en 2004 et dont elle a longtemps détenu le record du monde —, sur 100 mètres et 200 mètres dos, ainsi que sur le relais 4 x 100 mètres quatre nages, Laure Manaudou ne parvient pas à emporter de médaille. Six mois plus tard, le 21 janvier 2009, évoquant un « état de saturation qui la prive du plaisir de nager », elle décide de mettre un terme à sa saison. En septembre 2009, Laure Manaudou déclare mettre un terme définitif à sa carrière de nageuse. Une fin aussi brutale que son exceptionnel envol.

La plus jeune retraitée de France ?

En couple depuis quelques mois, avec une autre star de la natation française, Frédérick Bousquet, Laure annonce qu’elle est enceinte. Peut être le signe d’une envie de se poser, d’une certaine maturité. Dans tous les cas, sa reconversion ne devrait pas poser problème. Laure est devenue une véritable icône médiatique et un support publicitaire bien rentable depuis la campagne réussie pour les sacs Lancel.

Cette année, Laure a eu un petit rôle, dans le film Le Coach, d’Olivier Dahan. Elle incarnait son propre rôle, le temps d’une scène. Son parcours mériterait au moins un long métrage.

Quand l’expertise lyonnaise sert au développement des pays du Sud


Les Etats comme les institutions multilatérales n'ont plus le monopole des relations internationales. Dans un monde en pleine évolution, Lyon a une carte à jouer dans l’intensification actuelle des échanges et des partenariats entre collectivités territoriales. Ce qu’on appelle désormais la « diplomatie des villes ».

Des réseaux de coopération existent depuis plusieurs années entre la ville de Lyon et plusieurs villes de pays en voie de développement. La cité lyonnaise apporte son expertise aux villes du Sud, où il reste tout à faire. A Ouagadougou, 100 000 nouveaux habitants arrivent chaque année des campagnes et s’entassent dans des bidonvilles où il n’y a ni eau potable ni ramassage des ordures. Cette coopération est un appui à la mise en place des services publics essentiels. A Ouagadougou, le Grand Lyon a ainsi financé des pompes à eau. Mais cela ne s’arrête pas la. Une opération de recyclage a permis une réutilisation sur place des anciens feux tricolores lyonnais et de vieux camions de collecte des déchets.

On n’envoie pas seulement du matériel. Les savoirs-faire ont toute leur place dans ces échanges. Des fonctionnaires lyonnais sont mobilisés pour des missions ponctuelles de deux ou trois semaines sur place. Et inversement. Nous ne sommes donc pas dans une aide qui va seulement du Nord vers le Sud, mais dans un véritable échange entre les deux hémisphères. De plus, ce partenariat redynamise les équipes des fonctionnaires de la ville de Lyon. La possibilité de partir aider, de se sentir utile, apporte une ouverture d’esprit et une bouffée d’air que beaucoup de personnes n’ont pas au quotidien dans leur travail.

L’été dernier, la ville de Lyon a lancé un nouveau projet de coopération, intitulé « Demain, l’eau en partage ». Ce projet qui illustre la relation forte entre Lyon et les villes africaines regroupe des jeunes de trois villes européennes (Lyon, Barcelone, Turin), et de trois villes africaines (Ouagadougou, Bamako et Porto Novo) autour de la thématique de l’eau.

Photo: Julie Lavet

Les jeunes participants ont fait un diagnostique de la situation de l’eau sur leur territoire. Lyon apparaît comme l’une des villes les mieux gérées, où la ressource est la plus abondante et de meilleure qualité. Toutes les villes ne sont pas égales face au problème des ressources en eau. Dans les villes africaines, particulièrement celles du Sahel, l’eau est une ressource rare. L’accès à l’or bleu est un enjeu principal des politiques publiques. L’eau est vue comme une source, à la fois, de vie et de mort. Des maladies comme la fièvre jaune et la typhoïde se développent dans l’eau souillée, le manque d’eau engendre la famine, un trop plein, des inondations.

Le 1er septembre dernier, la ville de Ouagadougou a été frappée par de très fortes inondations, atteignant un niveau de précipitation inconnu depuis la mise en place de relevé en 1914. Les dégâts sont importants : 150 000 sinistrés, prés de 24 000 habitations détruites, des ponts et des hôpitaux endommagés.

La ville de Lyon a alloué, lors du dernier conseil municipal, une subvention exceptionnelle de 20 000 euros à la ville pour répondre aux premiers besoins des victimes. Reste que si la capitale burkinabaise était dotée d’un système d’évacuation des eaux usées, les dégâts auraient été réduits. Le partenariat a encore de nombreuses raisons d’exister.

SOS Amitié


Vous souvenez-vous de la formidable Thérèse et de son « allô SOS-détresse-amitié bonjour » ? Pour beaucoup d’entre nous, SOS amitié, c’est avant tout ça. Un film culte, Le père Noël est une ordure (1982) et un lieu unique en son genre, propice à tous les dérapages. Au-delà de cette parodie, l’association SOS Amitié mérite d’être mieux connue du grand public.

Créée en 1966, l’association luttait en priorité contre le fléau du suicide. Aujourd’hui, ses champs d’action se sont diversifiés. SOS Amitié est à l’écoute de toutes les souffrances : deuil, maladie, chômage, violence, mais surtout solitude. L’année dernière, plus de 730 000 appels ont été reçus par l’association, dont 37 500 sur la région lyonnaise.

Des gens comme les autres
SOS Amitié, c’est une mise en relation, une rencontre, entre des «appelants», personnes en détresse, et des « écoutants ». Les appelants sont des gens comme les autres, viennent de tous les milieux sociaux. La plupart d’entre eux ont entre 40 et 50 ans, avec une prédominance de femmes.

À l’autre bout du fil, les bénévoles lyonnais sont 80 à se relayer 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. On ne naît pas écoutant, on le devient. Une formation de trois mois, dispensée par des psychologues professionnels, est requise.

Difficile pourtant d’aller à la rencontre des bénévoles. La charte de l’association garantie l’anonymat absolu des « appelants » mais aussi des « écoutants ». Seules la présidente de l’association et la responsable de la communication sont habilitées à s’exprimer.

Être là au bon moment
Les jeunes retraités représentent la majorité des bénévoles. Ils ont du temps à offrir. En s’engageant, ils doivent, en effet, assurer au moins 20 heures d’écoute par mois, dont une nuit. Un seul écoutant à la fois. Celui-ci se retrouve donc confronté à sa fatigue. Mais aussi à sa propre solitude. Quelles sont donc leurs motivations ? L’écoute est pour eux une école de respect, de patience, de silence et de fraternité. Un écoutant explique que s’il peut communiquer un peu de sérénité, d’attention, il reçoit, en retour, la satisfaction d’avoir été là au bon moment pour cette personne. Un deuxième écoutant ajoute que cette action lui a appris à mieux se connaître et à mesurer tout ce que la vie lui a apporté.

Prêt à passer à l’acte
Autre principe de l’association : la non-directivité des entretiens. Apprendre à écouter, mais surtout à se taire. Aider les personnes en difficulté à prendre du recul sur leur situation, mais ne surtout pas agir à leur place. Ne pas leur dire quoi faire, ni intervenir. Cela paraît parfois délicat en cas de suicide. Certains appelants sont déjà prêts à passer à l’acte. Ils ont avalé des médicaments, ont même du mal à s’exprimer. Les écoutants sont là pour les accompagner, pour leur tenir la main. Jusqu’au bout.

Chose vue - La pause de midi au Starbucks


12h45 au Starbucks Opéra. Ce n'est pas là que les parisiens viennent déjeuner. Les touristes sont là en masse, trahis par leurs cartes de Paris et leurs appareils photos déposés sur les tables.

L'ambiance est recherchée. Le Starbucks est réputé pour être cosy. Une musique jazzy, digne d'un resto chic, coupée parfois par le bruit des commandes. « Un grand Cappucino ». « Un expresso con Panna ». De larges rideaux rouges cramoisis, comme au théâtre, encadrent les grandes baies vitrées. Des lampes design biscornues diffusent une lumière tamisée orangée. On est loin des néons de certains chinois ou fastfood.

Personne au téléphone. Pas de rires tonitruants. Un événement. Ici on se tient bien, comme dans un salon de thé pour mamies. Celles-ci sont d'ailleurs présentes. Deux d'entre elles mangent seules à deux tables d'intervalle. L'une lit Le Portrait de Dorian Gray, l'autre avale goulument son gâteau crémeux en jetant des coups d'œil à droite à gauche.

Un cadre se pose dans l'un des grands fauteuils. Caffé Latte. IBook posé sur ses genoux. Plus loin, une jeune femme, la trentaine, mélange sa salade crudité sur ses cuisses. Pas facile de manger sur une table basse. Deux jeunes anglaises traversent la salle leur caramel macchiato à la main, à la recherche des toilettes.

Les trois derniers fauteuils sont pris d'assauts par deux femmes et un bambin. Deux thés verts et des biscuits dans une tasse Starbucks. Pour faire comme maman. Quelques minutes plus tard, il a déjà enlevé ses chaussures et se ballade sur le parquet. Comme à la maison.


Confessions intimes


Dépassés, les péchés murmurés à l'oreille des curés. Révolu, le confessionnal de Loft Story où les participants venaient se confier, donner leurs premiers sentiments, parler un peu beaucoup d'eux-mêmes dans un cadre intimiste. Aujourd'hui, la mode est aux aveux virtuels. De nombreux sites participatifs, comme leconfessionnal.com, ont ouvert ces dernières années, permettant à tout un chacun de faire se propre e-thérapie : vider son sac de manière anonyme et soulager sa conscience.

Tout est parti de javoue.com créé en 1998 par Daniel Latif, qui n'avait que 14 ans à l'époque. Le concept, c'est de venir avouer tout ce que l'on a sur la conscience et de lire les aveux des autres, classés sous différentes catégories. Il y a les «bêtises», les «amours», les «adultères» et les «inclassables». Véritable confessionnal en ligne, le site a été consacré «site le plus personnel» par les internautes de Yahoo! en juin 2005. Petit aperçu des meilleurs confessions.
En 2006, le site à double facette jaimetrop.com et jaimepas.com a suivi. Le concept est simple : deux défouloirs sont réservés à vos coups de coeur et à vos coups de sang. Certaines pépites comme « J'aime trop me tourner les pouces. Mais ça fait mal quand on le fait trop... » valent quand même le détour.

« Aujourd'hui, j'étais au supermarché avec mon fils de deux ans. Arrivés à la caisse, il hurle à plusieurs reprises : " Papa, papa ! On a oublié les capotes ! " Effectivement, nous avions oublié les compotes... VDM » (dessin: Obion)

Vie de merde : la success story

En 2008, soit dix ans après javoue.com, la plateforme viedemerde.fr est créée.
Ce site défouloir permet de faire partager, à travers de petites anecdotes, les malheurs de notre vie quotidienne. Après s'être délecté de ces déclarations amusantes, le lecteur peut voter de deux manières différentes : soit en validant que « c'est vraiment une vie de merde » (VDM) soit en accusant l'auteur de « l'avoir bien méritié ». Dans le top ten VDM se trouve le puceau de 45 ans, de nombreux cocus et beaucoup d'incompris.

Revenons sur l'histoire de ce succès. Le 10 janvier 2008, le nom de domaine «viedemerde.fr» est acheté. Deux jours plus tard, la toute première version du site voit le jour. Il s'agit alors d'un mini-blog qui contient une poignée d'anecdotes, de private jokes rassemblant quelques amis. Un mois après son lancement, le site enregistre déjà un millier de visites par jour grâce à un bouche-à-oreille sans précédent. Après avoir été évoqué par Libération, Europe 1, Le Mouv', le nombre de visites s'envole. Le 21 avril 2008, les créateurs du site sont invités sur le plateau du Grand Journal de Canal+. C'est un tournant dans l'histoire du site qui atteint 200 000 visites quotidiennes en mai. A Noël, le livre «Viedemerde» sort, et arrive en tête du classement des ventes d'amazon.fr.

Le site dérivé anglophone connaît plus de difficultés. Intitulé au départ TodayShitHappens puis WhataFAIL, le site ne décolle pas. Il change une dernière fois de nom pour s'appeler FmyLife.com. Grâce au Los Angeles Times, qui fait connaître le concept outre-Atlantique, le site anglophone décolle enfin pour atteindre plus de 100 000 visites quotidiennes.

Le bon filon

Cette success story fulgurante a donné des idées à bon nombre d'internautes qui ont ouvert des sites calqués sur le même modèle. Parmi ces nombreuses déclinaisons, le site amateur Jourdemerde.com qui permet de «raconter vos sales journées et relativiser» ou FêteDeMerde.com, qui recueille tout ce qui a pu arriver de pire à l'occasion d'une fête. Ce site se fout que vous ayez fait un lâché de colombes à votre mariage, ce qui les intéresse, c'est que ces dernières ont «lâché un superbe cadeau sur la belle robe blanche de la mariée». Dans le même genre, Grosrateau.com est dédié à celles et ceux qui n'ont pas peur de faire partager au web les plus «belles humiliations» de leurs quêtes amoureuses.

« Aujourd'hui, je vais sur l'ordi de ma mère et cherche dans l'historique un truc que j'ai regardé il y a deux semaines. Je suis tombé sur un site porno où elle met des photos d'elle! VDM » (dessin: Martin Vidberg)

Les ados ne sont pas en reste avec Lahonte.fr pour raconter le pire du pire ou Coursdemerde.com si «comme moi tu en as marre des cours de merde ou que tes profs te font chier», tandis que Ségolène pourrait rajouter à ses favoris le site communautaire participatif Fautquecachange.fr qui propoe aux internautes d'exprimer leurs revendications politiques. Les déclinaisons sont infinies et s'étendent au monde du travail. Du mec travaillant en offshore où c'est pire que Fleury-Mérogis parce qu'il n'y a pas la télé, à celle dont les clients demandent s'ils peuvent payer en nature, jobdemerde.com permet de partager ses galères au boulot, voire de se défouler en décrivant ses collègues les plus insupportables. Dans la même lignée, Voisins-de-merde.fr, site créé par une société de développement de supports Internet, pour « faire un max de fric en surfant sur la vague des MachinsDeMerde ». En effet, le site récolte au moins 150 euros par jour grâce aux pubs disséminées un peu partout. C'est aussi l'occasion, pour la société Vanilla de se faire un petit challenge en développement et en « buzz-street-marketing-viral ».
Késako ? Leçon expresse de marketing. Le buzz est une technique consistant à faire du bruit autour d'une nouvelle offre. Le « marketing viral » est une forme de publicité à la diffusion de laquelle le consommateur contribue, comme le bouche-à-oreille. Tandis que le street marketing consiste généralement à créer l'événement, à surprendre et à rapprocher la marque des consommateurs afin de faire passer des messages alternatifs à travers la mise en place d'animations interactives destinées à marquer leurs esprits.

Exemple-type de mise en application, la création du site ratersavie.com, qui s'inspire de la désormais célèbre déclaration de Jacques Séguéla : « Si à 50 ans on n'a pas une Rolex, on a quand même raté sa vie ». Le site permet de décliner cette phrase à l'infini, même si Nicolas Sarkozy semble être la cible préférée des internautes.
On peut parier que ce concept de faire le buzz à tout prix fera l'objet de nombreuses reprises par des agences de communication. Peut-être que des hard-discounters lanceront leur site promo intitulé crisedemerde.com, Meetic son celibatdemerde.com, tandis que les avocats ou les notaires se contenteront d'un familledemerde.fr. Apparemment, de nos jours, si à 25 ans on n'a pas créé un site inutile, on a quand même raté sa vie !

Revue de Presse


And the winner is... personne !

Le prix Mo Ibrahim de la bonne gouvernance qui récompense d'anciens dirigeants africains n'a pas trouvé de lauréat.

Ce prix éponyme a été lancé en 2007 par le magnat des télécoms, Mo Ibrahim, un britannique d'origine soudanaise. Il permet de « reconnaître les réalisations des dirigeants africains et de fournir un moyen pratique permettant aux dirigeants africains de témoigner de leurs actions positives sur le continent » (Fondation Mo Ibrahim). Cette distinction, renommée le Nobel Africain par The Independent, est la récompense individuelle la mieux dotée au monde. Le lauréat reçoit 5 millions de dollars échelonnés sur 10 ans puis 200 000 dollars annuels à vie.

Une telle décision révèle un cruel manque de candidats crédibles. Comme l'explique The Times, ce prix ne peut être remis qu'à d'anciens chefs d'Etat ayant quitté le pouvoir il y a moins de trois ans. Dur à trouver dans une Afrique où la plupart des chefs d'Etats sont au pouvoir depuis des décennies. Libération de son côté, passe en revue les événements « déprimants » de l'année 2009 en Afrique: Coups d'Etat (Mauritanie, Madagascar, Guinée), processus électoraux inexistants (Gabon, Côte d'Ivoire, Nigéria), guerres persistantes (Somalie, RDC, Soudan...).

Trois personnalités étaient néanmoins pressenties comme favorites. L'ancien président sud-africain, Thabo Mbeki, le Nigérian Olusegun Obasanja et le Ghanéen John Kufuor.
Aucun d'entre eux n'est parvenu à faire l'unanimité. Selon l'AFP, le comité n'a pas révêler les raisons de ce résultat, en raison de la confidentialité des délibérations. Les différents journaux apportent un éclairage sur ses personnalités contestées.

Thabo Mbeki reste un personnage controversé. Fidèle soutien de Robert Mugabe, il a remis en question le lien entre le Sida et la mort de 300 000 Sud-Africains. Oluegun Obasanjo a présidé le Nigéria pendant 8 ans sans pour autant réduire la corruption ou la pauvreté qui touche le premier exportateur de pétrole africain. John Kufuor a, quant à lui, quitté la tête du Ghana aprés deux mandats, permettant une deuxième transition démocratique réussie. Une première. Il n'a pas pour autant été épargné, lui aussi, par les suspicions de corruptions.

De son côté, le journal sud-africain Business Day fait part de l'étonnement de certains experts, qui pensent que le prix devrait être un encouragement à la bonne gouvernance et non un aboutissement. « La manière dont je le vois, c'est un peu comme le Prix Nobel remis à Obama » explique le responsable d'un programme sur l'Afrique.

En 2008, ce prix avait été remis par Kofi Annan à l'ancien président botswanais, Festus Mogae. Une émission, Inside Story de la chaîne Al Jazeera English, avait été consacré à la remise de ce prix.

Le cinéma : un art en voie de disparition ?


Raflée sur une table de montage, piquée dans parmi les copies de presse ou filmée lors d’une avant-première, la copie de film est désormais téléchargeable souvent bien avant sa sortie en salle. Disponible ensuite pour des millions d’internautes qui s’empresseront d’étayer leur filmographie perso, mais aussi pour ceux qui la revendront sur Internet. Quelqu’en soit l’usage, le téléchargement est la plus grande menace faite au cinéma car elle dénie tout droit d’auteur et rémunération de celui. A côté de cela, les DVD, ou les diffusions télévisées restent un moindre mal, car respectueux des droits d’auteurs, même s’ils participent finalement à la désertion des salles obscures.

La mort du cinéma

Certains réalisateurs comme Jean-Luc Godard ou Wim Wenders annonçaient déjà dans les années 60 la mort du cinéma. L’année dernière, Peter Greenaway réactivait cette thèse : « Si vous tirez dans le cerveau d'un dinosaure le lundi, sa queue bouge encore le vendredi. Le cinéma est cérébralement mort. La date de la mort du cinéma est le 31 décembre 1983, quand la télécommande s'est répandue dans les salons. »

Le livre pourtant n’a pas disparu suite l’apparition de la télévision. Le cinéma ne sera peut être pas amené s’éteindre face aux nouvelles technologies. Ces activités sont complémentaires et non concurrentes. Le choix, en effet, dépend souvent de l’envie du moment.
Ainsi, le cinéma, les DVD ou le téléchargement ne remplissent pas les mêmes usages sociaux. Pour autant, le téléchargement peut avoir certains avantages, comme celui de dégoter sur Internet des perles inédites non disponibles dans le commerce, comme certains concerts, copies de cinéma volées lors d’une projection test, ou même des fins de film différentes que celle distribuée en salle. Rien que ça.

De son côté, le cinéma évoque, dès sa création, le rêve et l’émerveillement. La fascination est telle que les idéologies d’après-guerre s’en serviront comme un objet de propagande. L’essence même du cinéma semble être la projection en salle. « Je ne puis jamais, parlant cinéma, m’empêcher de penser ‘salle’, plus que ‘film’ » disait à ce propos Roland Barthes. Lieu de partage des émotions, le 7ème Art peut être vu comme une expérience esthétique collective, comme une célébration du ‘être ensemble’.

Une intemporelle expérience collective

En 1895 déjà, le cinématographe des frères Lumière s’imposait sur le kinétoscope d’Edison. L’invention qui permettait à une personne de visualiser des images animées à travers une fenêtre n’a pas séduit. Les spectateurs de l’époque préféraient regarder un film à plusieurs. Sur grand écran. Cela ne semble pas avoir changé aujourd’hui.

Dès lors, s’il veut se renouveler, le 7ème Art devra miser sur l’envoûtement de son public en proposant un cinéma englobant, tactile ou olfactif. Dés 2005, le Tout-Hollywood a pu visionner le film de Tim Burton, Charlie et la Chocolaterie en humant une bonne odeur de chocolat. Plus récemment au Japon, il est possible de visionner des films en version olfactive. Des senteurs sont diffusées au fil des scènes. Des fragrances de roses parfument les scènes d’amour, tandis que des effluves de menthe accompagnent les séquences tristes. Cependant une salle équipée de machines contrôlant l’émission et le mélange des senteurs est nécessaire.

Preuve que nouvelles technologies et cinéma peuvent aussi aller de paire.

Reportage au vide-grenier de St Georges


8h : À peine arrivée, affaires non déballées, les badauds fouillent déjà dans les sacs et les cartons. Ce qui les intéresse : l’électronique. Ils questionnent :« des appareils photos, des portables ou ordinateurs m’dame ? ». Ce sont des spécialistes qui revendent sur Internet, connaissent la valeur de ces biens et qui sont là pour faire de bonnes affaires. Les vendeurs, encore mal réveillés, thermos de café à la main, se trouvent assiégés de demandes. Pas de bonjour, tutoiement de rigueur. Les clients insistants reviennent à la charge.


La matinée défile, le soleil fait son entrée. Les familles au grand complet sont de sortie pour la balade du dimanche matin. Et oui, la brocante est sur la route du marché. A dix heures, les traditionalistes de l’église St Georges sont appelés à la messe. Dehors les affaires continuent. Lucette, soixante-dix ans passés, se laisse tenter par une robe mauve de midinette, ornée de félins. Elle veut se faire belle pour plaire à ses chats. À côté d’elle, tout de fluos vêtus, les balayeurs de la ville profitent de leur service pour jeter un coup d’œil entre les allées. Le vide-grenier est l’endroit parfait pour observer la vie du quartier.

Pause de midi, la buvette colorée des dragons de St Georges ne désemplit pas. Acheteurs et vendeurs repartent, hot-dogs en main, prêts à attaquer une après-midi d’intenses négociations. Sur les étalages, les tréteaux, les couvertures, rien ne se perd, tout se vend. De l’éponge « presque pas utilisée » à trente centimes, au vieil appareil photo argentique à 400 euros, il y en a pour tous les goûts et tous les budgets. Une jeune fille vend des chapeaux faits maison, dignes des mariages les plus guindés de Lyon. Plus loin, on trouve le stand des spécialistes en carte routière, puis des pros du cinéma, des affiches de films, des bandes-annonces, dossiers de presse ou autres souvenirs de Cannes. Et plus loin encore, sur une table de camping, on aperçoit une méthode pour mincir, qui d’après la morphologie de la vendeuse, ne semble pas réellement marcher.

Les véritables rois du vide-grenier sont les enfants. Du livre des prénoms de bébé à comment élever, soigner ou comprendre son enfant, jusqu’aux grands classiques scolaires utiles pour le bac de français et en passant par les jeux de société, les puzzles de l’Unicef, les abonnements à Okapi ou à Cheval Magazine, des années entières de souvenirs d’enfance se vendent sur les stands. Les enfants s’émerveillent devant cette immense caverne d’Ali Baba. Les petits jeux de la place Benoît Crépu ne désemplissent pas. « Oh regarde ! Ils vendent un toboggan » annonce un petit garçon à sa mère en les apercevant. Les plus grands jouent les vendeurs d’un jour en présentant fièrement toute leur collection de jouet. L’instinct semble inné et les conversations déconcertantes chez des enfants aussi jeunes : « De toute façon tu ne l’auras pas pour moins cher, sinon je perds de l’argent moi ». Une fois l’achat conclu, on lit sur leurs visages une grande satisfaction, ce sont pour quelques minutes encore les rois du pétrole.

Dans dix ans peut être ne trouvera-t-on plus que des gameboy, PSP ou autres jeux vidéos à la place de tous ces jouets colorés. Le vide-grenier reste le reflet d’une époque. Les vinyles sont devenus vintage, mais malheureusement pour beaucoup, les cassettes vidéos ne le sont pas encore. Les CD sont en perte de vitesse. Comme l’explique un ado, « maintenant qu’il y a Deezer, ça vaut pas le coup de payer pour de la musique ».

Fin d’après-midi, la journée touche à sa fin. Les vendeurs sont prêts à tout pour se débarrasser de quelques babioles de plus. C’est le marché à la criée. « Tout à un euro », « un euro, un heureux » annoncent certains commerçants. Car tous savent déjà que tout ce qui restera sera ressorti l’année prochaine. Au même endroit.

Ecologie: le mini-lifting de Perrache


Le  mini-lifting de Perrache

Il y a deux ans déjà, le complexe de Perrache, symbole du tout voiture des années 70, connaissait une petite révolution : l’installation d’un mur végétal dépolluant sur l’un de ses silos. Une première mondiale.

« L’installation n’est pas une simple tapisserie de verdure, mais un véritable exploit technique» explique l’inventeur Pascal Peleszezak, qui a breveté l’innovation, sans aucun diplôme dans ce domaine. C’est en 1995 que lui vient l’idée du projet, puis il dépose ses premiers brevets deux ans plus tard. En 2000, il crée sa PME, Canevaflor, mais cela ne prend pas. Il a dix ans d’avance sur tout le monde. Il avait pressenti les choses, et se retrouve aujourd’hui, enfin, dans l’air du temps. En 2006, le Grand Lyon fait appel à lui pour la construction du mur de Perrache. L’objectif de la communauté urbaine est d’atteindre avec ce projet les exigences de la directive Européenne 2001/81/CE, qui stipule qu’il faut faire baisser de 40% les dioxydes de souffre, les oxydes d'azotes et les Composés Organiques Volatiles d'ici 2010.

Le mur végétal qu’il a élaboré remplit plusieurs fonctions. C’est un isolant thermique et sonore, un dépollueur et une œuvre végétale, bienvenue dans un lieu très bétonné. Bien évidemment, ce mur nécessite une installation complexe. Concrètement, il y a un système de double tuyauterie, un des canaux apporte l’eau qui irriguera la colonne, l’autre qui apporte l’air qui provient des parkings. Il faut ensuite réussir à faire pousser 19 plantes différentes, capables d’absorber les métaux lourds, à la verticale, avec autant d’expositions solaires différentes et un seul entretien annuel.

L’entreprise Canevaflor a fait valider le résultat de l’invention par des chercheurs de l’université de Chambéry. Ceux-ci ont confirmé que les particules polluantes et le gaz à effet de serre présents dans le parking sont aspirés et fixés par la terre, puis dégradés par les micro-organismes. C’est le principe même de la photosynthèse : les plantes se nourrissent de dioxyde de carbone. Ainsi, on observe une réduction de 80% de la concentration atmosphérique des composés organiques volatiles (Benzène, Toluène, Ethylbenzène, Xylène) et de 50% des dioxydes de soufres et d’azotes.

Deux ans après, l’installation du mur est considérée comme un succès par son créateur, qui est aujourd’hui sollicité de par le monde et travaille aussi bien en Inde qu’en Chine. Pourtant de nombreux passants s’interrogent. Pourquoi le mur n’est-il pas unifié et ne recouvre-t-il pas l’ensemble du silo ? Pascal Peleszezak explique qu’il s’agit en fait de 13 colonnes distinctes. L’architecte du Centre d’échange, René Gagès a préféré se contenter de colonnes de verdure afin de mettre en valeur son édifice.

Un deuxième silo devrait se parer de vert d’ici la fin de l’année. Dans le futur l’ensemble des silos pourrait être recouvert. C’est la moindre des choses, lorsque l’on sait que le pôle d’échange de Perrache est à la jonction des autoroutes A6 et A7 et que Lyon est la seule ville de France à voir passer une autoroute en plein centre ville. De plus, le complexe de Perrache coupe littéralement en deux la presqu’île lyonnaise, la pointe sud étant isolée du reste de la ville, comme l’illustre bien l’expression « au-delà des voutes » utilisée pour qualifier le quartier. Alors que Lyon Confluence, le projet phare de Gérard Collomb, maire de la ville, propose de réaménager complètement le sud de la presqu’île, rien n’est encore prévu pour la gare de Perrache. Après le mini-lifting vert, on attendait un ravalement de façade intégral.