Le cinéma : un art en voie de disparition ?


Raflée sur une table de montage, piquée dans parmi les copies de presse ou filmée lors d’une avant-première, la copie de film est désormais téléchargeable souvent bien avant sa sortie en salle. Disponible ensuite pour des millions d’internautes qui s’empresseront d’étayer leur filmographie perso, mais aussi pour ceux qui la revendront sur Internet. Quelqu’en soit l’usage, le téléchargement est la plus grande menace faite au cinéma car elle dénie tout droit d’auteur et rémunération de celui. A côté de cela, les DVD, ou les diffusions télévisées restent un moindre mal, car respectueux des droits d’auteurs, même s’ils participent finalement à la désertion des salles obscures.

La mort du cinéma

Certains réalisateurs comme Jean-Luc Godard ou Wim Wenders annonçaient déjà dans les années 60 la mort du cinéma. L’année dernière, Peter Greenaway réactivait cette thèse : « Si vous tirez dans le cerveau d'un dinosaure le lundi, sa queue bouge encore le vendredi. Le cinéma est cérébralement mort. La date de la mort du cinéma est le 31 décembre 1983, quand la télécommande s'est répandue dans les salons. »

Le livre pourtant n’a pas disparu suite l’apparition de la télévision. Le cinéma ne sera peut être pas amené s’éteindre face aux nouvelles technologies. Ces activités sont complémentaires et non concurrentes. Le choix, en effet, dépend souvent de l’envie du moment.
Ainsi, le cinéma, les DVD ou le téléchargement ne remplissent pas les mêmes usages sociaux. Pour autant, le téléchargement peut avoir certains avantages, comme celui de dégoter sur Internet des perles inédites non disponibles dans le commerce, comme certains concerts, copies de cinéma volées lors d’une projection test, ou même des fins de film différentes que celle distribuée en salle. Rien que ça.

De son côté, le cinéma évoque, dès sa création, le rêve et l’émerveillement. La fascination est telle que les idéologies d’après-guerre s’en serviront comme un objet de propagande. L’essence même du cinéma semble être la projection en salle. « Je ne puis jamais, parlant cinéma, m’empêcher de penser ‘salle’, plus que ‘film’ » disait à ce propos Roland Barthes. Lieu de partage des émotions, le 7ème Art peut être vu comme une expérience esthétique collective, comme une célébration du ‘être ensemble’.

Une intemporelle expérience collective

En 1895 déjà, le cinématographe des frères Lumière s’imposait sur le kinétoscope d’Edison. L’invention qui permettait à une personne de visualiser des images animées à travers une fenêtre n’a pas séduit. Les spectateurs de l’époque préféraient regarder un film à plusieurs. Sur grand écran. Cela ne semble pas avoir changé aujourd’hui.

Dès lors, s’il veut se renouveler, le 7ème Art devra miser sur l’envoûtement de son public en proposant un cinéma englobant, tactile ou olfactif. Dés 2005, le Tout-Hollywood a pu visionner le film de Tim Burton, Charlie et la Chocolaterie en humant une bonne odeur de chocolat. Plus récemment au Japon, il est possible de visionner des films en version olfactive. Des senteurs sont diffusées au fil des scènes. Des fragrances de roses parfument les scènes d’amour, tandis que des effluves de menthe accompagnent les séquences tristes. Cependant une salle équipée de machines contrôlant l’émission et le mélange des senteurs est nécessaire.

Preuve que nouvelles technologies et cinéma peuvent aussi aller de paire.

Reportage au vide-grenier de St Georges


8h : À peine arrivée, affaires non déballées, les badauds fouillent déjà dans les sacs et les cartons. Ce qui les intéresse : l’électronique. Ils questionnent :« des appareils photos, des portables ou ordinateurs m’dame ? ». Ce sont des spécialistes qui revendent sur Internet, connaissent la valeur de ces biens et qui sont là pour faire de bonnes affaires. Les vendeurs, encore mal réveillés, thermos de café à la main, se trouvent assiégés de demandes. Pas de bonjour, tutoiement de rigueur. Les clients insistants reviennent à la charge.


La matinée défile, le soleil fait son entrée. Les familles au grand complet sont de sortie pour la balade du dimanche matin. Et oui, la brocante est sur la route du marché. A dix heures, les traditionalistes de l’église St Georges sont appelés à la messe. Dehors les affaires continuent. Lucette, soixante-dix ans passés, se laisse tenter par une robe mauve de midinette, ornée de félins. Elle veut se faire belle pour plaire à ses chats. À côté d’elle, tout de fluos vêtus, les balayeurs de la ville profitent de leur service pour jeter un coup d’œil entre les allées. Le vide-grenier est l’endroit parfait pour observer la vie du quartier.

Pause de midi, la buvette colorée des dragons de St Georges ne désemplit pas. Acheteurs et vendeurs repartent, hot-dogs en main, prêts à attaquer une après-midi d’intenses négociations. Sur les étalages, les tréteaux, les couvertures, rien ne se perd, tout se vend. De l’éponge « presque pas utilisée » à trente centimes, au vieil appareil photo argentique à 400 euros, il y en a pour tous les goûts et tous les budgets. Une jeune fille vend des chapeaux faits maison, dignes des mariages les plus guindés de Lyon. Plus loin, on trouve le stand des spécialistes en carte routière, puis des pros du cinéma, des affiches de films, des bandes-annonces, dossiers de presse ou autres souvenirs de Cannes. Et plus loin encore, sur une table de camping, on aperçoit une méthode pour mincir, qui d’après la morphologie de la vendeuse, ne semble pas réellement marcher.

Les véritables rois du vide-grenier sont les enfants. Du livre des prénoms de bébé à comment élever, soigner ou comprendre son enfant, jusqu’aux grands classiques scolaires utiles pour le bac de français et en passant par les jeux de société, les puzzles de l’Unicef, les abonnements à Okapi ou à Cheval Magazine, des années entières de souvenirs d’enfance se vendent sur les stands. Les enfants s’émerveillent devant cette immense caverne d’Ali Baba. Les petits jeux de la place Benoît Crépu ne désemplissent pas. « Oh regarde ! Ils vendent un toboggan » annonce un petit garçon à sa mère en les apercevant. Les plus grands jouent les vendeurs d’un jour en présentant fièrement toute leur collection de jouet. L’instinct semble inné et les conversations déconcertantes chez des enfants aussi jeunes : « De toute façon tu ne l’auras pas pour moins cher, sinon je perds de l’argent moi ». Une fois l’achat conclu, on lit sur leurs visages une grande satisfaction, ce sont pour quelques minutes encore les rois du pétrole.

Dans dix ans peut être ne trouvera-t-on plus que des gameboy, PSP ou autres jeux vidéos à la place de tous ces jouets colorés. Le vide-grenier reste le reflet d’une époque. Les vinyles sont devenus vintage, mais malheureusement pour beaucoup, les cassettes vidéos ne le sont pas encore. Les CD sont en perte de vitesse. Comme l’explique un ado, « maintenant qu’il y a Deezer, ça vaut pas le coup de payer pour de la musique ».

Fin d’après-midi, la journée touche à sa fin. Les vendeurs sont prêts à tout pour se débarrasser de quelques babioles de plus. C’est le marché à la criée. « Tout à un euro », « un euro, un heureux » annoncent certains commerçants. Car tous savent déjà que tout ce qui restera sera ressorti l’année prochaine. Au même endroit.

Ecologie: le mini-lifting de Perrache


Le  mini-lifting de Perrache

Il y a deux ans déjà, le complexe de Perrache, symbole du tout voiture des années 70, connaissait une petite révolution : l’installation d’un mur végétal dépolluant sur l’un de ses silos. Une première mondiale.

« L’installation n’est pas une simple tapisserie de verdure, mais un véritable exploit technique» explique l’inventeur Pascal Peleszezak, qui a breveté l’innovation, sans aucun diplôme dans ce domaine. C’est en 1995 que lui vient l’idée du projet, puis il dépose ses premiers brevets deux ans plus tard. En 2000, il crée sa PME, Canevaflor, mais cela ne prend pas. Il a dix ans d’avance sur tout le monde. Il avait pressenti les choses, et se retrouve aujourd’hui, enfin, dans l’air du temps. En 2006, le Grand Lyon fait appel à lui pour la construction du mur de Perrache. L’objectif de la communauté urbaine est d’atteindre avec ce projet les exigences de la directive Européenne 2001/81/CE, qui stipule qu’il faut faire baisser de 40% les dioxydes de souffre, les oxydes d'azotes et les Composés Organiques Volatiles d'ici 2010.

Le mur végétal qu’il a élaboré remplit plusieurs fonctions. C’est un isolant thermique et sonore, un dépollueur et une œuvre végétale, bienvenue dans un lieu très bétonné. Bien évidemment, ce mur nécessite une installation complexe. Concrètement, il y a un système de double tuyauterie, un des canaux apporte l’eau qui irriguera la colonne, l’autre qui apporte l’air qui provient des parkings. Il faut ensuite réussir à faire pousser 19 plantes différentes, capables d’absorber les métaux lourds, à la verticale, avec autant d’expositions solaires différentes et un seul entretien annuel.

L’entreprise Canevaflor a fait valider le résultat de l’invention par des chercheurs de l’université de Chambéry. Ceux-ci ont confirmé que les particules polluantes et le gaz à effet de serre présents dans le parking sont aspirés et fixés par la terre, puis dégradés par les micro-organismes. C’est le principe même de la photosynthèse : les plantes se nourrissent de dioxyde de carbone. Ainsi, on observe une réduction de 80% de la concentration atmosphérique des composés organiques volatiles (Benzène, Toluène, Ethylbenzène, Xylène) et de 50% des dioxydes de soufres et d’azotes.

Deux ans après, l’installation du mur est considérée comme un succès par son créateur, qui est aujourd’hui sollicité de par le monde et travaille aussi bien en Inde qu’en Chine. Pourtant de nombreux passants s’interrogent. Pourquoi le mur n’est-il pas unifié et ne recouvre-t-il pas l’ensemble du silo ? Pascal Peleszezak explique qu’il s’agit en fait de 13 colonnes distinctes. L’architecte du Centre d’échange, René Gagès a préféré se contenter de colonnes de verdure afin de mettre en valeur son édifice.

Un deuxième silo devrait se parer de vert d’ici la fin de l’année. Dans le futur l’ensemble des silos pourrait être recouvert. C’est la moindre des choses, lorsque l’on sait que le pôle d’échange de Perrache est à la jonction des autoroutes A6 et A7 et que Lyon est la seule ville de France à voir passer une autoroute en plein centre ville. De plus, le complexe de Perrache coupe littéralement en deux la presqu’île lyonnaise, la pointe sud étant isolée du reste de la ville, comme l’illustre bien l’expression « au-delà des voutes » utilisée pour qualifier le quartier. Alors que Lyon Confluence, le projet phare de Gérard Collomb, maire de la ville, propose de réaménager complètement le sud de la presqu’île, rien n’est encore prévu pour la gare de Perrache. Après le mini-lifting vert, on attendait un ravalement de façade intégral.