Faut-il être « friqué » pour avoir une vie nocturne ?


Faut-il être « friqué » pour avoir une

vie nocturne ?


Avec des tarifs de 13 et 20 euros l’entrée, de 10 à 20 euros la consommation, et jusqu’à 200 euros la bouteille de champagne, le Social Club et le Queen, boîtes de nuit huppées de la capitale, mettent en lumière le côté « select » de la nuit. Des prix exorbitants, déconnectés des portemonnaies étudiants.

Une fois le loyer payé, il resterait en moyenne aux étudiants parisiens 350 euros par mois pour vivre. D’autant que la crise est passé par là. D’après une enquête Ipsos réalisée en 2009 pour le Crédit Agricole, plus de 4 étudiants sur 10 déclarent qu’en raison de la crise économique, ils ont plus de difficultés. Du coup, ils sont 72 % à essayer de mieux contrôler leurs dépenses, et parmi eux, 80 % annoncent avoir renoncé aux sorties et aux loisirs.

C’est le cas de Kyste, 27 ans, qui raconte sur Rue89, sa vie d’étudiante « à faire semblant de ne pas être pauvre ». Quand, après les cours, on lui propose d'aller prendre une bière, elle refuse en expliquant qu'elle boit trop en ce moment et qu'elle met la pédale douce sur l'alcool. « A 3,70 euros le demi, c'est impossible »  explique-t-elle. Une fois par semaine, elle tente de se faire un mini-plaisir en s’offrant une pinte en “happy hour”. Une « heure joyeuse » au cours de laquelle les boissons alcoolisées sont moins chères qu’à l’ordinaire.

Mais après deux heures du matin, quand les petits bars ferment, il faut être « riche » pour continuer la soirée. Paris serait-elle une ville snob la nuit ? « Oui, certainement » répond sur un chat Odile de Plas, journaliste musicale au Monde. « Il y a une tradition de sélection par l’argent et par le look à l’entrée des discothèques parisiennes que l’on peut trouver détestable ». Les clubs se justifient en expliquant que c’est ce qui garantit l’ambiance exceptionnelle de l’endroit. « Cela ne favorise pas le renouvellement et l’émergence de nouvelles fêtes à Paris » ajoute Odile de Plas.

Rebutés, par le cumul du prix d’entrée, des consommations et du vestiaire, les étudiants semblent moins à même de fréquenter les boîtes de nuit. Des établissements souvent accusés de gonfler les prix et de pousser à la consommation. « Alors que beaucoup possèdent une climatisation, ils ont toujours tendance à faire monter la chaleur pour nous pousser à boire » témoigne Caroline, une habituée du dancefloor.

Le budget serré des étudiants, ne les prive pas pour autant de sorties. Ils sortent juste différemment. Bar PMU, « squattage » à droite à gauche, voire chez des inconnus… Fauchés, débrouillards, et pique-assiettes, les étudiants ont encore quelques bonnes combines pour goûter les nuits parisiennes. Le temps où ils se contenteront de soirées devoirs-révisions-exposés, n’est pas encore arrivé. Bienvenue dans les nouvelles soirées low cost.

Les happy hours des bars. Paris regorge encore de quelques bonnes adresses où les petits prix et les « happy hours » sont légion. « Il faut connaitre les bars pas chers de Paris : Le Bar des artistes, le Zigzag… Pas besoin de casser son PEL pour boire des pintes dans les bars parisiens ! » s’amuse Servan, 24 ans, ingénieur en travaux public. « On peut s’en sortir en jonglant entre les happy hours et les bars où le prix des pichets est extrêmement compétitif » ajoute Victor, 23 ans. Un site internet recense, pour « les amis biéronautes », tous les happy hours de Paris. « C'est plus difficile que ça en a l'air dans une ville où la prolifération des bobos a rendu la binouze hors de prix » rapporte la page d’accueil du site. De son côté, Stéphane, 26 ans, chef de projet marketing, privilégie les bars de quartiers comme les PMU ou les bars des sports : « C’est jamais blindé, pas cher et plutôt marrant, il y a beaucoup de situations improbables ».

En été, les lieux extérieurs sont pris d’assaut par les jeunes fêtards. Parc, bords de Seine, canal de l’Ourcq… Quoi de mieux qu’un lieu exceptionnel, avec vue sur Notre Dame pour improviser un pique-nique puis une soirée à la belle étoile ? Un phénomène arrivé tout droit d’Espagne, où la bolleton, qui signifie littéralement « grande beuverie » est une institution. À la fin de la semaine, faute d’argent pour entrer dans les bars, les jeunes se procurent des bouteilles d’alcool bon marché dans les supermarchés et passent la nuit à boire dans les rues.

Faire la fête chez les autres. « Une bouteille de vin à 3€ chez Lidl, et l'appartement de quelqu'un, c’est le cocktail idéal pour une soirée à petit prix », annonce Charles, 24 ans, étudiant en école de cinéma. « Sortir à domicile revient en moyenne moins cher que d’aller au restaurant, dans les bars et les boîtes » confirme Clément, 19 ans. « Il faut acheter l’alcool en grande surface, organiser une préchauffe chez quelqu’un puis ensuite sortir dans les bars et les clubs, sans rien payer là-bas », conseille Camille, 22 ans, étudiante en école de commerce.

Avoir du réseau, des amis très riches ou du sex-appeal. « Les connaissances, les promoteurs et les videurs, sont les meilleurs plans pour pas se ruiner » témoigne Pascal, 24 ans, lui même barman. Un bon réseau dans le monde de la nuit, vous assurera des tarifs avantageux. Alex, 26 ans, dans l’événementiel, compte parfois sur ses connaissances, des gens de bonnes familles, des héritiers, qui ont un rapport différent à l’argent. « Je n’irai pas dans de tels endroit sans eux. En arrivant, ils annoncent direct la couleur : ils vont consommer. Je n’y vais pas pour me fait entretenir, mais je sais qu’avec eux je passerais une bonne soirée et que ce sera confortable » confie-t-il.
Marina, belle blonde d’un 1m73, a elle aussi son petit secret. Habituée du carré  VIP d’un grand club parisien, elle entre gratuitement et bois des couples de champagne à l’œil. Ses atouts physiques ne sont pas étrangers à un tel traitement de faveur. « S‘ils me font entrer les filles les mieux foutues, c’est bien évidement pour faire consommer les mecs » indique-t-elle. Un carré VIP où la table avec bouteille atteint les 250 euros. Autre option, avancée par Stéphanie, 25 ans, étudiante en droit, « abuser de la galanterie pour se faire inviter, mais ça devient de plus en plus rare ».

Squatter chez des inconnus. C’est la nouvelle combine de Théo, 21 ans, intermittent du spectacle. : « Ce n’est pas encore une tendance puisque nous sommes que quelques uns à le faire plus ou moins régulièrement ». Le concept : Repérer une fenêtre par laquelle on peut juger qu'une centaine de personnes ivres font la fête dans un appartement du centre de Paris (classe sociale aisée, vins de qualité) puis, s'inviter, faire croire qu'on connait tout le monde, et boire à l'œil jusqu'à extinction des feux. « Ma dernière expérience remonte à samedi dernier, c’était vraiment sympa »

Retourner en boîte… mais en soirée étudiante. Aujourd’hui, si les étudiants retournent en boites de nuit, c’est lors de soirées spéciales, organisée par les bureaux des élèves (BDE) des grandes écoles et universités. Sponsorisée, ces soirées proposent des tarifs avantageux. Florence, 23 ans prépare une soirée pour mars prochain, sur une péniche. L’entrée est fixée à 20 euros avec 3 boissons alcoolisées incluses. Un prix bien en dessous des tarifs pratiqués actuellement dans l’établissement.



Pauline Pellissier



Politique: Malgré la tempête, le commandant Fillon garde le cap


Malgré la tempête, le 

commandant Fillon garde le cap



Contrairement à l’habitude, l’hémicycle de l’Assemblée nationale est comble. Il faut dire que c’est un grand jour. Reconduit dans ses fonctions de Premier ministre, François Fillon tient ce mercredi son deuxième discours de politique générale.

Un grand oral sans grosse surprise, puisque le Président de la République Nicolas Sarkozy, avait lui même tracé la feuille de route du nouveau gouvernement, en s’invitant, moins d’une semaine auparavant, sur les chaînes de télévision françaises.
Si le Premier ministre n’a pas étonné sur le fond, il a cependant adopté un style singulier. Il a fait le choix d’un discours court, 47 minutes - le discours de politique générale le plus succinct de la 5e République - et un ton combatif, voire vindicatif. Un bel exemple de rhétorique où il a mêlé clarté des propos et envolées lyriques.

Décembre 2007 / Benjamin Lemaire, agence Virtuo
François Fillon s’est placé en commandant de bord d’un navire France en grande difficulté. « Contre vents et marées, dans le calme et la tempête », il a invité les Français à « tenir ensemble un cap », ajoutant que « sur le rivage du monde, nous avons attendu un vent plus favorable ».  Un discours un peu anxiogène, décrivant une France en pleine tourmente, très endettée, dans  « un monde traumatisé par une récession globale ». On est bien loin du discours très optimiste, lors de son arrivée en 2007, au lendemain de l’élection de Nicolas Sarkozy. Il y notait « une embellie économique et sociale encourageante », saluait « l’extraordinaire génie de notre peuple » et égrenait les atouts de la France.

Certes le contexte économique a changé, mais les objectifs restent les mêmes. Réforme de l’université, des retraites, des institutions, instauration d’un service minimum, lois sur la délinquance, Grenelle environnement… toutes les réformes menées par le gouvernement Fillon, dont il fait aujourd’hui le bilan, sont toutes clairement évoquées dans le discours de 2007. Les années passent, les priorités restent les mêmes : Une réforme de la dépendance est prévue pour juin 2011 et un plan de 35 milliards d’euros sera consacré aux investissements d’avenir dans les secteurs stratégiques de l’enseignement supérieur, de la recherche, des PME et de l’écologie.

Seul signe du passage de la crise, l’accent mis sur la rigueur budgétaire et une possible réforme de la fiscalité envisagée, avant l’été 2011. C’est la seule vraie nouveauté. Pas d’augmentation d’impôts en vue, mais un rapprochement avec la fiscalité allemande. « Il y a urgence à rapprocher la fiscalité des pays partageant la même monnaie », a déclaré le Premier ministre. Selon lui, la France est l’un des pays qui taxe le plus les entreprises. « Le statut quo n’est plus possible », a-t-il affirmé.

Pas question de taxer les entreprises, et de réduire ainsi leur compétitivité et les perspectives d’embauches. D'autant plus que l’emploi reste, en 2010 comme en 2007, la priorité des priorités. Il y a trois ans, François Fillon déclarait : « Au cœur de la crise nationale, il y a un cancer : le chômage de masse (…).Mon gouvernement se fixe pour objectif un taux de chômage de 5 % à la fin du quinquennat. » Aujourd’hui Fillon maintient le cap, en annonçant des mesures pour favoriser l’emploi des jeunes et des séniors. Mais alors que le chômage frôle actuellement les 10% de la population active, il s’est gardé, cette fois, de faire des promesses.

G20 : Nicolas Sarkozy tente de redorer son blason sur la scène internationale


G20 : Nicolas Sarkozy tente de redorer son blason sur la scène internationale



Une escapade à Séoul de 10 heures seulement. C’est court, mais Nicolas Sarkozy a fait les choses en grand. Arrivé à bord du nouvel Airbus A330-200 présidentiel, surnommé « Air Sarko One », il a pris la présidence du G20. Un voyage "express", vu comme un instrument de reconquête, au moment où il n’a jamais été aussi peu populaire. Sa cote de défiance a atteint un nouveau record, à 66 % d'opinions défavorables, selon un sondage Ipsos-Le Point du lundi 8 novembre. 

L’objectif est clair : tourner la page de la réforme des retraites, du bras de fer avec la rue et faire oublier l’image d’un président inflexible, accusé de gouverner pour un seul camp. Après s’être inscrit dans une perspective historique, avec les commémorations de la mort du Général De Gaulle et des cérémonies du 11 novembre, Nicolas Sarkozy souhaite désormais se doter d’une stature internationale. Le calendrier l’a aidé. Vendredi soir il a pris la présidence  tournante du G20 pour un an. Et, fait rare, il occupera également, la présidence du G8 à partir du 1er janvier.

Ce nouveau statut de « Président du monde » ne lui apportera aucun pouvoir supplémentaire, car comme il l’a dit lui même en conférence de presse, le multilatéralisme n’existe pas : « Je ne vois pas comment on peut reprocher à un certain nombre de pays d’agir de façon unilatérale puisqu’il n’existe pas de système multilatéral ». Pas de compétences supplémentaires, mais l’assurance de se trouver, pour quelque mois, au centre du monde, et de l’attention. De quoi lui permettre de se façonner une meilleure image. L’Elysée va d’ailleurs créer un site Internet pour communiquer tout spécialement sur les actions de ce président très international.

Preuve d’un changement radical, Nicolas Sarkozy a mis en avant, lors de sa conférence de presse, des qualités qu’on lui connaissait peu jusque là : la modestie, l’humilité et la conciliation. « Cette présidence [du G20], nous l'abordons avec ambition et réalisme. » Ou encore : « Je mesure l'immensité du chemin qui reste à parcourir ». Inde, Etats-Unis, Afrique du Sud… Pour parvenir à un compromis Nicolas Sarkozy a prévu de voyager et de consulter. En décembre, il recevra Dominique Strauss-Kahn et annoncera en janvier ses priorités du G 8 - G 20 dans une grande intervention de l’Elysée. Le président français se mue ainsi en professionnel de la concertation et ira même consulter les syndicats français. Des partenaires sociaux qui n’ont pas été écoutés lors de l’élaboration de la réforme des retraites, mais qui d’un coup seraient jugés compétents pour résoudre la guerre des monnaies !

A travers ces actions, ce qu’espère secrètement Nicolas Sarkozy, c’est de transformer un potentiel succès international en succès national. A dix-sept mois de l'élection présidentielle, le président Sarkozy surjoue l'importance de la situation internationale à des fins électorales. Il pense, qu'une partie de son salut viendra de cette tribune. Ainsi, il tente d’expliquer aux français les enjeux du G20, pourquoi la crise des monnaies les concerne directement, que c’est une confrontation plus profonde : la bataille pour l’emploi et pour la localisation de l’activité industrielle. "L'un des enjeux, c'est de faire comprendre que ce dont il est question a des conséquences sur la vie des gens", mais "c'est technique, les gens se disent que tout ça est lointain. Ce n'est pas gagné!", a-t-il lâché.

Alors, quand lors de la conférence de presse, un journaliste de France 2 le questionne sur le très probable remaniement gouvernemental, Nicolas Sarkozy joue l'offensé :  « Vous ne m'en voudrez pas, mais je ne répondrai pas à des questions strictement françaises... ». Mais pourquoi donc êtes-vous parti en Corée Monsieur le Président ?

Amérique latine : le continent qui produit des présidentes


Amérique latine : le continent qui produit des présidentes

« Historique ». Dimanche, le Brésil célébrait l’élection de Dilma Rousseff, la nouvelle présidente. Une première dans ce pays mais non en Amérique latine. Le continent a connu depuis les années 70 une pléiade de femmes présidentes. Aujourd’hui, c’est encore, après l’Europe, le continent où il y a le plus de femmes au pouvoir. Mais cela ne suffit pas à endiguer le fameux machisme latino-américain. Décryptage.


Sur les neuf femmes présidentes dans le monde, trois le sont en Amérique latine : Cristina Kirchner, en Argentine, Dilma Rousseff au Brésil et Laura Chinchilla, au Costa Rica. Un véritable paradoxe au premier abord, car comme l’explique l’historien Claude Morin, dans son article, "L'Amérique latine et les femmes" publié en 1996 dans les Cahiers d'histoire, «d’un point de vue féministe, ce continent fait figure d’épouvantail, c’est le lieu de prédilection du machisme, de la domination paternelle et maritale, du contrôle clérical, de la fécondité exubérante ».

Pourtant, si on analyse les conditions d’accession de ces femmes au pouvoir, on comprend que l’empreinte machiste n’est jamais bien loin. En effet, la plupart du temps, ces femmes sont devenues présidentes dans des situations exceptionnelles, lors de crises politiques. Elles sont alors désignées et exercent le pouvoir de manière temporaire. C’est le cas d’Isabel Perón, qui, après avoir occupé la Vice-présidence, assume la Présidence de l’Argentine entre 1974 et 1976, à la mort de son mari, Juan Perón. En Bolivie, Lidia Gueiler fut désignée présidente en 1979 par le Parlement, avant d’être renversée par un coup d’Etat militaire huit mois plus tard. Même destin pour Ertha Pascal-Trouillot qui exerça la présidence haïtienne en 1990, pendant moins d’un an, le temps d’organiser des élections générales. Enfin, en Equateur, Rosalia Artega occupa en 1997 la présidence, au titre d’un mandat conféré par le Congrès, pour une durée de trois jours seulement !

Le devoir conjugal
Cristina Kirchner
En dehors de ces situations d’exceptions, si certaines femmes ont réussi à être élues à la plus haute fonction, c’est souvent en tant qu’héritières. C’est le cas de Violeta Chamorro, la première femme à accéder, lors d’élections en 1989, à la présidence d’un pays latino-américain, le Nicaragua, grâce au capital politique et à la popularité de son mari assassiné. Janet Jagan, élue en 1997 à la présidence de la Guyane, marcha également dans les pas de son mari Cheddi Jagan, lui même président entre 1992 et 1997. Même histoire : celle de Mireya Moscoso, présidente du Panama en 1996, après que son mari, ait lui même exercé cette fonction. Ainsi comme l’explique Claude Morin, pendant longtemps, en Amérique latine, « l’histoire politique n’accordait pas de place aux femmes, à moins que ce ne soit comme épouse ou maîtresse.»
En Argentine, ce n’est pas pour rien que Cristina Kirchner est surnommée « La Hillary Clinton » du pays. Son élection  à la tête de l’argentine en 2007, s'inscrit dans la prolongation des politiques nationales entreprises par son prédécesseur de mari. En quatre ans de présidence, Nestor Kirchner est devenu très populaire : Il a réussi à sortir le pays de l'impasse économique en réduisant la pauvreté de moitié et en restaurant l'autorité de l'État. Un côté « femme de » totalement assumé par Cristina Kirchner qui affiche une féminité exacerbée. Vêtements de luxe colorés, maquillage, injections de botox et de silicone. « Une belle poupée » pour ses détracteurs qui remettent en cause ses compétences politiques. Le machisme a encore la vie dure au pays du tango.

Une guérillera liftéee
Le 31 octobre 2010, Dilma Rousseff réussit l’exploit d’être élue première présidente du Brésil, sans avoir jamais accompli le moindre mandat électoral. Dilma doit amplement sa victoire au fait, qu’elle est « la candidate de Lula ». Une réussite qu’elle doit entièrement à son pygmalion. C’est lui, en 2003, qui la nomme ministre des Mines, puis chef du cabinet présidentiel en 2005, ce qui fait d’elle une sorte de premier ministre officieuse.  Les commentateurs politiques s’interrogent sur les intentions de Lula qui pourrait avoir envie de se représenter en 2014. "Dilma exercera-t-elle de fait le pouvoir ou gardera t-elle au chaud le fauteuil de Lula ?", se demande même le quotidien brésilien Globo au lendemain de l’élection. Entièrement relookée pour la campagne, elle aurait eu recours à la chirurgie esthétique afin de rajeunir et d’adoucir ses traits de « dame de fer ». Une étape qui semble obligatoire au pays de la chirurgie esthétique.

Michèle, la vraie rupture
« Je suis une femme, socialiste, victime de la dictature, séparée et agnostique : j’ai cinq péchés capitaux… mais nous travaillerons bien ensemble ! ». Ainsi se définissait Michèle Bachelet en 2005 devant les hauts gradés de l’armée alors qu’elle devenait ministre de la Défense. Un profil qui ne cadre pas avec les représentations traditionnelles des femmes politiques. Pour Bérengère Marques-Pereira professeur de sciences politiques à l’Université Libre de Belgique, « l’élection de Michèle Bachelet à la présidence du Chili en 2006 constitue une vraie rupture car elle est élue dans le cadre d’une continuité démocratique et elle dispose de son capital propre ». Selon elle, Michèle Bachelet a mobilisé, lors de l’élection, l’image de la mère. Une mère ancrée dans la société, aux préoccupations maternelles quotidiennes. « Cela participe certainement d’un ancrage dans un maternalisme », poursuit Bérengère Marques-Pereira dans l’article « Les femmes latino-américaines dans les exécutifs nationaux » publié dans la revue Histoire Politique en 2007.  Une explication que l’on retrouve également dans l’analyse de Claude Maurin : «Une femme accède au pouvoir quand elle tend à se comporter comme une ‘ surmère ’, à la différence des hommes et de nombre de femmes au Nord qui exercent le pouvoir à la façon des hommes, de manière castratrice ».

Michèle Bachelet a prouvé qu’en Amérique latine, une femme peut désormais être élue, démocratiquement, sans l’appui d’un mari ou d’un mentor. Elle a ouvert la voie. Digne représentante de cette nouvelle génération de présidente, Laura Chinchilla, élue en février 2010 au Costa-Rica. 




Les femmes au pouvoir dans le monde en 2010

Amérique centrale et latine
Cristina Kirchner, Présidente de l’Argentine depuis décembre 2007
Laura Chinchilla, Présidente du Costa Rica depuis mai 2010
Dilma, Candidate à l’élection présidentielle brésilienne de 2010
Kamila Persad-Bissessar, chef de gouvernement de Trinité & Tobago depuis mai 2010

Asie
Pratibha Patil, Présidente de l’Inde depuis juillet 2007
Roza Otounbaïva, Présidente du Kirghizstan depuis mai 2010
Sheikh Hasina Wajed, chef de gouvernement au Bengladesh depuis janvier 2009

Océanie
Julia Gillard, chef du gouvernement australien depuis juin 2010

Afrique
Ellen Johnson Sirleaf, Présidente du Liberia depuis janvier 2006

Europe
Angela Merkel, chef du gouvernement allemand depuis
Mary Mc Aleese, Présidente de l’Irlande depuis 1997
Tarja Halonen, Présidente de la Finlande depuis mars 2000 
Kiviniemi, Premier ministre de la Finlande depuis juin 2010
Dalia Grybauskaité, Présidente de la Lituanie depuis juillet 2009
Jadranka Kesor, Premier ministre de la Croatie depuis juillet 2009
Jóhanna Sigurðardóttir, Premier ministre de l’Islande depuis février 2009
Iveta Kodicova,  Premier ministre slovaque depuis juillet 2010
 

Critique théâtre: Audrey Lamy fait son show à la Comédie de Paris


Audrey Lamy fait son show à la Comédie de Paris


Après s’être fait remarquer sur le grand et le petit écran, la petite sœur d’Alexandra Lamy est désormais sur les planches dans « Dernières avant Vegas », un premier one woman show.

 Audrey Lamy est tout sauf une inconnue. Le grand public a fait sa connaissance au cinéma dans Tout ce qui brille, le film de Géraldine Nakache. Elle y jouait une prof de sport, garçon manqué et complètement délurée. Une révélation. La jeune actrice s’est également fait remarquer à la télévision dans la mini-série humoristique de M6, Scène de Ménage. Une spécialité familiale en quelque sorte, puisque sa grande sœur, Alexandra Lamy, avait été révélée quelques années plus tôt par la série Un gars, Une fille.

Cette vie de jeune comédienne l’a indéniablement inspiré. Les scénettes de ce premier spectacle « Dernière avant Vegas » relatent le début de carrière d’une jeune trentenaire en phase avec son époque. Il y a les animations dans les gouters d’anniversaires au milieu de marmots terribles, un café pris avec une copine retrouvée sur Facebook, ou bien une audition avec Quentin Tarentino.

Audrey Lamy excelle quand elle se doit d’imiter, d’entrer dans la peau de ces personnages. Un ton survolté qui rappelle parfois Florence Foresti. Audrey trouve rapidement la mimique à adopter, l’accent à prendre, comme dans le sketch où elle parodie les films d’actions à l’américaine à grand renfort de « Mister presidaent ». A d’autres moments, c’est le comique de situation qui prend le relais comme quand la jeune femme se retrouve déguisée en gros lapin bleu au milieu d’un diner chic.

A la Comédie de Paris, on s’amuse, on sourit. Mais ce n’est pas non plus l’énorme crise de fou rire. Dans la petite salle intimiste, le public, plutôt jeune n’est pas survolté, mais semble apprécier ce moment de détente à sa juste valeur. Parfois le spectacle devient même émouvant, notamment lorsque la comédienne improvise un slow langoureux et très particulier avec Brad Pitt.

Quand les lumières se rallument, on se dit que le spectacle est un peu court. Du coup le public la rappelle, dans l’espoir d’en avoir un peu plus. La jeune humoriste se contente alors d’un sketch de quelques secondes. Déçu d’une telle fin, on reste sur sa faim.

Pressée par l’envie d’en apprendre un peu plus sur cet espoir de la comédie française, nous avons demandé à son attaché de presse, de la rencontrer. Réponse de ce dernier : « Cela n’est vraiment pas possible ». C’est bien dommage, on aurait tant aimé questionner Audrey. Tant pis, on attendra son retour de Vegas.



Audrey Lamy « Dernières avant Vegas », mise en scène Alex Lutz, à la Comédie de Paris, 42 rue Fontaine Paris 9e, métro Blanche. Jusqu’à fin novembre. Du mardi au samedi à 21h30. Offre découverte du mardi au jeudi : 21€ au lieu de 27,50€

Critique télé: Tf1 cherche à caser les fils à maman



TF1 cherche à caser les fils à maman


Il y a Giuseppe, le macho italien que sa maman aux lèvres siliconées appelle « pépino ». Alexandre, l’inévitable accro à l’informatique, totalement infantilisé par sa mère. Mais également Alban le DJ feignant, Benjamin l’homo mondain et Florent, le stripteaseur qui fait même fantasmer maman.

Voilà les célibataires dégotés par TF1 pour sa nouvelle émission de téléréalité « Qui veut épouser mon fils ? ». Accompagnés dans chaque étape de leurs mamans, ces Tanguy d’un nouveau genre, doivent trouver la perle rare, qui les fera déguerpir du foyer familial.

Tout commence par une séance speed-dating, en compagnie de ces mères poules, trop maquillées et très tactiles qui ne parviennent pas à couper le cordon. Puis les rendez-vous se multiplient dans Paris, la ville des amoureux. Le tout, conté par une voix off rappelant la série Desesperate housewives, dont la charte graphique est également inspirée.

Tous les ingrédients sont la pour faire de ce programme un succès du genre. Un casting détonnant aussi bien du côté des fils, que de leurs génitrices. La palme revient à Marie-France, complètement refaite, pour qui seul l’apparence qui compte quand vient le temps de juger les prétendantes : « il n’y a qu’une chose qui m’a plu chez elle, c’est son sac à main ».

Pour les amateurs, cette dernière-née est une pépite aux répliques déjà cultes. Pour les autres, le paroxysme de ce que la téléréalité, sauce TF1, produit de plus trash et de plus affligeant.


Emission diffusée 29 octobre 2010 sur TF1. Durée : 1h38. Possibilité de la revoir sur TF1.fr dans la semaine suivant la première diffusion

Conflit des retraites : On est tous le bloqueur de quelqu’un



Conflit des retraites : On est tous le bloqueur de quelqu’un



 « Succès » pour les syndicats. « Mobilisation en baisse » pour le gouvernement. Mardi, la sixième journée de mobilisation depuis la rentrée a réuni 3,5 millions de manifestants selon la CGT et la CFDT contre 1 100 000 manifestants pour le Ministère de l’Intérieur. Mais au-delà de l’habituelle querelle des chiffres, c’est la bataille des mots qui fait rage. Pour chaque partie du conflit, il s’agit de démontrer que le blocage est dans l’autre camp.

Du côté du gouvernement, on met en avant la radicalisation du mouvement, sa violence, ainsi que les blocages (stations-services, circulation) qui gênent la vie quotidienne des Français. Interpellé dans l'après-midi par les députés de l'opposition, François Fillon a condamné « l'intimidation, le blocage et la violence». Eric Woerth constatait également une radicalisation du mouvement. « La réponse est de maintenir l’ordre public. On a le droit de grève oui, le droit de bloquer non », martelait-il. Enfin, Luc Chatel, ministre de l’Education nationale, rappelait sur iTélé, aux lycéens et à leurs parents que « bloquer un lycée est dangereux », et que « la France n’a pas à être prise en otage ». Un gouvernement qui aimerait, en quelque sorte, prendre les rêves de Nicolas Sarkozy, d’une France en grève sans que personne ne s’en aperçoive, pour une réalité.

Pour les syndicats, au contraire, le blocage est du côté du gouvernement.Invité d’Audrey Pulvar sur Itélé, Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force Ouvrière, déclarait que « le mouvement fera date » et pointait du doigt le gouvernement « qui joue le blocage ». « Ouvrez la discussion, c’est ça la démocratie », poursuivait-il. Bernard Thibault, a également appelé le gouvernement à « entendre l'ampleur de cette protestation » et à ouvrir « des négociations ». Un point de vue partagé par les ténors socialistes. « Nous avons tendu la main, on ne nous répond que par du mépris », déclarait Martine Aubry dans le cortège. « Le responsable de ces blocages aujourd'hui, c'est le président de la République (...) il est de la responsabilité du président de la République de dire : 'voilà, je me suis trompé, (...) j'organise un Grenelle des retraites", a commenté Claude Bartolone, mardi soir sur Europe 1. Du côté du NPA, Olivier Besancenot a dénoncé un gouvernement qui « ne lâche rien ». « Il prend la responsabilité du blocage, il prend la responsabilité de transformer la crise sociale en crise politique », a-t-il ensuite déploré.

Chaque partie semble vouloir camper sur ces positions. Reste à savoir qui craquera en premier. Si le gouvernement peut se réjouir de la désertion de certaines organisations syndicales, comme la CFE-CGC, le mouvement reste néanmoins soutenu par l’opinion publique comme le montre un sondage à paraître demain dans Libération. L’UNL et la Fidl, les deux principales organisations lycéennes, annoncent d’ores et déjà une nouvelle journée d’action pour jeudi. La guerre des mots aura surement de nouveau lieu.  

Daily 9e - Ces parisiens qui accueillent les touristes à domicile




Ces parisiens qui accueillent les touristes à domicile


La terrasse de Coté Montmartre
Si la chambre d’hôtes est emblématique du tourisme rural, avec ses gites et ses fermes-auberges, l’ouverture en ville, de ces Bed and Breakfast à la française est devenue une vraie tendance.


Leader du secteur des chambres d’hôtes, Gites de France, lance CityBreak, une marque qui recensera les chambres et gites urbains. D’autres réseaux sont également présents sur ce nouveau marché : la fédération des professionnels parisiens de la chambre d’hôtes, les labels Fleur de Soleil, Bed and Breakfast et authenthique Bed and Breakfast Paris. Une vraie bonne idée pour ceux qui souhaitent héberger des amis ou de la famille à proximité. Mais également pour ceux qui dispose d’une chambre supplémentaire, ou qui veulent se lancer dans une activité complémentaire. C’est le cas d’Isabelle Bravo et de Clara Limage, habitantes du 9e, qui accueillent depuis 2006 des touristes à domicile.

Isabelle Bravo : « l’ouverture de ma chambre d’hôtes est l’une des grandes expériences de ma vie ».

Pourquoi avez-vous décidé d’ouvrir une chambre d’hôtes ?
Il y a 5 ans, alors que j’étais assistante de direction, j’ai eu envie de lever le pied, de chercher une autre activité. Par hasard, je suis tombé sur un article sur les chambres d’hôtes à Paris. Je me suis donc renseignée et j’ai vu qu’il y avait un vrai marché. En plus, j’étais sur le point de déménager, j’en ai donc profité pour choisir un appartement aménagé pour accueillir facilement des hôtes.

Et alors ? Est-ce que ça marche ?
Complètement ! Depuis 3 mois, je reçois des gens pratiquement tous les soirs. En ce mois de novembre, il ne me reste plus que 8 nuits de libre, et j’ai déjà des demandes de réservation pour les mois d’avril et d’août prochain !

Qui sont vos clients ?
Ce sont surtout des étrangers, qui viennent pour des raisons touristiques ou bien qui allient déplacement professionnel et touristique. J’ai également quelques français qui viennent passer quelques jours ou un week-end à Paris, pour l’exposition Monet par exemple.

Qu’est-ce qui les attirent chez vous ?
Principalement le quartier. Entre la butte Montmartre et les grands magasins, l’emplacement est idéal pour les touristes qui ont envie de séjourner autre part qu’à l’hôtel. La chambre d’hôtes est une belle alternative. 



Clara Limage : « C’est un plaisir de faire partager ma maison »

Pourquoi avez-vous décidé d’ouvrir une chambre d’hôtes ?
C’est une initiative de la mairie de Paris qui m’a décidé. La municipalité souhaitait développer les chambres d’hôtes à Paris et organisait des réunions dans les mairies d’arrondissements pour informer les habitants. Une agence, présente lors de la réunion, m’a aidé à monter ce projet. Il faut dire, que j’ai une grande maison et que suite à des soucis financiers, j’ai voulu la rentabiliser au maximum.

Et alors ? Est-ce que ça marche ?
Il y a eu des hauts et des bas. Pendant la crise, la clientèle américaine est moins venue. Mais maintenant cela va beaucoup mieux aujourd’hui. Je refuse des gens tous les jours !

Qui sont vos clients ?
J’ai une clientèle à la fois très internationale, des japonais, des chinois, des américains et de tous les pays d’Europe, mais il y a aussi beaucoup de Parisiens qui viennent ici pour le côté terriblement romantique du lieu. Parfois même des habitants du 9ème qui viennent pour une nuit de noce ou un anniversaire de mariage.

Qu’est-ce qui les attirent chez vous ?
Les personnes que j’accueille sont à la recherche d’un lieu atypique, et ici ils sont comblés. Ils logent dans une suite de 100m2 dans un hôtel particulier construit en 1860, où du gothique à l’orientalisme, tous les styles se côtoient. C’est un lieu qui à une âme et où tous les objets, rapportés des quatre coins du monde ont une histoire. 

La façade majestueuse de la villa Clara



Les chambres d'hôtes dans le 9e arrondissement de Paris.

Pour un petit déjeuner en terrasse face au Sacré-Cœur.
Coté Montmartre - 11 bis rue Jean-Baptiste Pigalle - 75009 à PARIS 
130 euros par personne, petit déjeuner compris

Une suite de 100 m² avec un balcon privé dans un hôtel particulier au cœur de la Nouvelle Athènes. Villa Clara, 17 cité Malesherbes 75009 Paris. 195 à 220 euros, la nuit en chambre double avec une bouteille de champagne.

Plus accessible, une chambre d’hôtes dans le quartier du Moulin Rouge à 90 euros la nuit, avec petit déjeuner et accès à la cuisine toute équipée.
Chez Rose-Marie, 15 Rue Pierre Fontaine 75009 Paris



















Retraite: Martine Aubry la joue collectif


Retraites : Martine Aubry la joue collectif

Elle n’aura pas attendu bien longtemps Arlette Chabot, pour interroger  Martine Aubry sur ses ambitions pour 2012. Après une première question – de politesse - sur ses soucis de santé, la journaliste de France 2 lui demande si ce n’est pas un handicap pour la campagne présidentielle. « Bien essayé », s’amuse Martine Aubry. « Je ne vous dirai pas que je suis candidate », poursuit-elle.
Si elle est là, c’est pour parler des retraites, le sujet brûlant du moment. Jusqu’ici silencieuse sur la question, son intervention sur le plateau d’A vous de Juger est très attendue, à mi-chemin entre les deux grandes journées de mobilisation de la semaine.

La première secrétaire a donné plus dans le « nous » que dans le « je ». « Tous les socialistes soutiennent la même chose au sujet des retraites, déclare-t-elle, c’est une réforme nécessaire mais qui doit être juste ». C’est pourquoi elle  demande «  la suspension des discussions au Sénat afin de tout remettre à plat ».
La patronne du PS met en avant le contre-projet socialiste de retraite à la carte. Tout un symbole : le maintien de la retraite à 60 ans. Mais pas pour tout le monde. Y auront droit, ceux qui ont commencé à travailler avant 19 ans et les professions difficiles. Pour la retraite à taux plein, il faudra attendre 65 ans.

La numéro 1 du PS est ensuite venue à la rescousse de son ex-ennemie jurée, Ségolène Royal, suite aux déclarations de cette dernière sur TF1. « On a retiré cette phrase de son contexte », dénonce-t-elle, en expliquant qu’elle croit en la responsabilité de la jeunesse. Pas de désaccord non plus avec Dominique Strauss Kahn. Ils sont tous les deux sur la même ligne : la démographie oblige  à  augmenter la durée de cotisation.

En fin d’émission, Arlette Chabot revient à la charge. « Serez-vous candidate ? En avez-vous envie ? ». C’est de nouveau peine perdue. « Je veux faire gagner la gauche en 2012, je ferai tout ce qui est possible. Chaque chose en son temps », réplique-t-elle.  Martine Aubry n’a donc pas profité de l’occasion pour rejoindre la liste des candidats déclarés à la primaire socialiste. L’unité l’a emporté. Reste à voir si le PS en sortira renforcé. 

L’heure est désormais à la constitution de propositions crédibles. « Les Français ne veulent plus de slogans, mais d’un projet », martèle Martine Aubry. Et pourtant au détour d’une phrase, puis d’une autre, elle parle d’un besoin de « retrouver la France ». Un beau slogan de pré-campagne pour le PS, avec cependant, une petite résonance gaulliste. Après la traversée du désert, la reconquête de la gauche est peut être en marche.

DSK adulé à droite



DSK adulé à droite

Le directeur du FMI a la cote à droite. Avec 76 % d’opinion favorable chez les sympathisants de droite, il pulvérise son record de popularité. Dominique Strauss-Kahn séduit les militants UMP. Quelles sont les raisons d’un tel succès ?

Votez pour DSK en 2012 ? « Pourquoi pas » répondait mardi la secrétaire d’Etat à la ville Fadela Amara. La semaine dernière, c’est François Baroin, le très chiraquien ministre du logement qui lâchait « Strauss Kahn, il est intelligent » suite aux déclarations de Dominique Strauss-Kahn sur la réforme des retraites.
Sur le plateau de France 2, le directeur général du FMI s’est démarqué du projet socialiste, en estimant que si « on vit 100 ans, on ne va pas continuer à avoir la retraite à 60 ans ». « Une position parfaitement réaliste et pertinente », reconnaît Sandra Blanchart, responsable des jeunes UMP des Bouches-du-Rhône.  Une déclaration qui conforte Strauss-Kahn dans son rôle de représentant de la gauche réformiste. Une gauche du réel et non du rêve, plus proche des partis de gauche européen. Et cela plait à Samuel, sympathisant de droite: « Il ne fait pas gauchiste, il ne fait pas peur à la droite comme Martine Aubry ou Bernard Thibault ! ». Un repositionnement logique. « On ne peut pas faire l’ultra-libéral au FMI et le socialiste en France » estime Sandra Blanchart.

« DSK plait car c’est l’anti-Aubry » explique un politologue. Sous le gouvernement Jospin, les deux socialistes se sont affrontés. Martine, la « dépensière » au Ministère du travail, Dominique l’« inflexible » au Ministère de l’économie. Il se rapproche du monde de l’entreprise et du patronat. Alors que la dame des 35 heures apparaît aujourd’hui comme « une apparatchik », Strauss-Kahn est lui perçu comme un libéral  atlantiste. Son expérience de gestionnaire à la tête du FMI rassure. Pour Aïda, militante UMP depuis 2007, « c’est la preuve qu’il est dans le système ».

Au-delà du fond, DSK est perçu comme quelqu’un de « posé », « rassurant ». « Son statut d’expert est idéal pour rassurer les Français dans la crise actuelle » analyse Alexandre, militant UMP depuis 10 ans. Digne représentant de la gauche caviar, l’ancien ministre est perçu comme «bling-bling » mais « il le cache bien mieux que Sarkozy » s’amuse Alexandre. 

Si ses positions économiques sont connues, le président du FMI ne s’est pas encore exprimé sur les autres réformes en cours. Un bon moyen de se préserver. « Il est libéral économiquement parlant, mais la droite c’est aussi des valeurs fortes comme le mérite, la famille, le travail et je ne suis pas certaine que ce soit des valeurs défendues par DSK » ajoute Sandra Blanchard. S’il veut remporter les primaires socialistes, DSK va devoir se positionner, se démarquer et surement critiquer le bilan de Nicolas Sarkozy. Après avoir séduit la droite, DSK doit convaincre à gauche. L’ultime défi, s’il veut s’imposer en 2012.

Banlieues: les doléances des maires


Les doléances des maires de banlieues


« Enclavement, chômage, échec scolaire, mal logement, pénurie des services publics ». C’est le constat que dressent 46 maires de quartiers sensibles dans une Lettre à ceux qui ignorent les banlieues. Ils attendaient, mardi, l’annonce de mesures concrètes par le Premier ministre, François Fillon. Ils vont devoir attendre 2011.


« Il faut agir vite, sinon nos banlieues vont exploser ». Claude Dilain, maire PS de Clichy-sous-Bois et président de l’association Ville et banlieue, s’inquiète de la dégradation de la situation dans les banlieues sensibles. A défaut de la grande réforme attendue par les maires des quartiers, le gouvernement s’est contenté de relancer le Conseil National des Villes qui existe pourtant depuis 1988. Rédacteur de la Lettre à ceux qui ignorent les banlieues, M. Dilain estime que sept domaines requièrent une action rapide des pouvoirs publics afin d’endiguer le cercle vicieux qui entraîne ces quartiers vers le bas.

Education
Les établissements scolaires des banlieues sensibles accueillent 10% des étudiants français. Leur retard scolaire est visible dès la 6e. Professeurs remplaçants, classes surchargées gênent l’apprentissage. Le niveau social des parents est un facteur déterminant, selon l’ONZUS (Observatoire national des zones urbaines sensibles). 62% des élèves inscrits dans ces établissements vivent dans des foyers défavorisés. A la sortie du système scolaire, 66% des jeunes actifs de moins de 20 ans n’ont pas de diplôme. L’association Ville et Banlieue préconise un fort investissement de l’Etat dans la formation tant professionnelle qu’initiale.

Emploi
Dans les 751 quartiers éligibles à la politique de la ville, le taux de chômage atteint les 22%, contre 10% sur le territoire national. Le chômage touche deux fois plus de jeunes que dans les autres quartiers. Les habitants de ces communes sont très dépendants des aides sociales. A Rillieux-la-Pape (Rhône) sur 100 personnes qui accèdent à un logement social, 18% survivent grâce aux minima sociaux contre 8% en 2000. « La situation se détériore, la population se précarise », analyse Renaud Gauquelin, maire de Rillieux-la-Pape, « il y a de plus en plus de familles monoparentales en grande difficulté ».

Santé

Le taux de morbidité, plus élevé qu’ailleurs prouve que l’accès aux soins reste difficile dans les banlieues. Les professionnels de santé sont sous-représentés. Il y a trois fois moins d’infirmiers que dans les autres villes. Les médecins aussi sont peu présents et la Couverture Maladie Universelle n’est pas toujours acceptée. Une solution possible : développer des centres de santé de proximité.

Equipements sportifs
Les espaces de loisirs, essentiels à l’épanouissement de la population, sont rares dans les quartiers difficiles. A Argenteuil (Val-d’Oise), la piscine municipale n’a pas été rénovée depuis 1964. A Sarcelles (Val-d’Oise), la mairie fait construire un circuit de F1. « Création plus que discutable », s’insurge Daniel Blanc, directeur d’une association d’aide à l’emploi et au logement de Sarcelles, « il faudrait dépenser notre énergie pour des équipements culturels et sportifs accessibles à tous ».

Sécurité
« Le problème n’est pas la sécurité », explique Claude Dilain, « personne n’est pour l’insécurité » mais elle découle de la situation générale de ces villes. Pour M. Dilain, il faut agir à la source en investissant dans l’éducation, le logement, l’emploi et la santé.

Logement
8 millions d’habitants vivent dans les quartiers sensibles. Ces villes regroupent l’essentiel des logements sociaux et dépassent souvent le quota de 20% imposé par l’Etat. Le maire de Rillieux-la-Pape, Renaud Gauquelin, compte 57% de logements sociaux dans sa commune dont 75% dans la ville « nouvelle ». Mais ce type d’habitat coûte cher aux villes défavorisées en pompant sur leurs budgets en piteux état.


Finances locales
« La question est de savoir si l’on donne à ces communes les plus pauvres des moyens égaux à ceux des autres ! », s’insurge Claude Dilain. Il affirme avoir des moyens « trois à quatre fois inférieurs à ceux d’autres villes ». Le maire d’Argenteuil a même organisé, le 7 mai dernier, un conseil extraordinaire devant la sous préfecture du Val-d’Oise, pour dénoncer le désengagement de l’Etat et les coupes financières dans l’ensemble des services publics. Les maires souhaitent que l’état garantisse leurs ressources, en tant que garant de la solidarité nationale. « Si je ne touche plus d’aides, je ferme la maison ! », menace le maire de Rillieux-la-Pape.


article co-écrit avec Sophie Noachovitch.
Photo: Un quartier de Sarcelles


30 ans d’échec de la politique de la ville

Voilà plus de trente ans que les pouvoirs publics tentent de remédier aux maux des quartiers. D’abord regroupée sous le nom d’« actions pour le développement social des quartiers », il faut attendre 1991 pour que la politique de la ville ait un ministère propre. 11 ministres s’y succèderont en 17 ans. Le plus célèbre, Bernard Tapie, démissionnera trois jours après avoir proposé son plan pour les banlieues en 1992. Chaque ministre y est allé de son appellation: Des ZEP (Zone d'éducation prioritaire lancée en 1981) au PNRU (programme de rénovation urbaine) en passant par ZRU (Zone de redynamisation urbaine) les ZFU (Zone franche urbaine) ou les CUCS (contrats urbains de cohésion sociale). Depuis, les moyens utilisés ont été énormes. 840 millions d'euros sur six ans pour les grands projets de villes en 1999, 30 milliards d’euros sur cinq ans pour l’Agence nationale pour la rénovation urbaine crée en 2003, 500 millions d’euros annuels pour l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances crée en 2007. Pour quel résultat ? « La politique de la ville a été marquée par l'imprécision des objectifs comme de sa stratégie et par une volonté d'affichage qui conduit à la mise en œuvre périodique de nouveaux dispositifs" estimait la Cour des comptes dans un rapport en 2002. Rien de nouveau depuis. En cause : insuffisances, surcoûts et autres dysfonctionnements. Un empilement de mesures qui n'a jusqu’à présent pas réussit à réduire l’ampleur de la ségrégation sociale et ethnique dans les quartiers.