24 heures avec... Une jeune styliste américaine
De loin, on dirait Paris Hilton. Longiligne, cheveux décolorés blond platine et un chiot en laisse prénommé Margot. Cette belle californienne au sourire Colgate Ultra, c’est Faith Anne Gosselin. Styliste, elle crée des robes d’époque et des costumes.
Agée de seulement 26 ans, Faith a débarqué à Paris, il y a plus de deux ans. Cela n’a pourtant pas suffit à améliorer son français. La faute à ses amis, elle les laisse ne lui parler qu’anglais. On la retrouve donc à la sortie de son cours à l’Alliance française. Comme à l’habitude, elle prend un café en terrasse avec ses camarades de classe, pour prolonger la discussion en français. Un calepin sous la main, elle profite de cet endroit stratégique pour observer les passants, leur manière de s’habiller. Une dame avec un manteau flashy violet suffit à lui donner le sourire.
Mes devoirs de français
Direction Montmartre pour acheter les tissus nécessaires à ses créations en cours. Le marché Saint-Pierre est un joyeux désordre très bien organisé : soieries, lainages, voilages, velours, tulle, dentelle... de quoi faire le bonheur de toutes les couturières. Faith opte pour 3 mètres de tissu rouge à rayures blanches qui feront une belle robe de mi-saison. Elle n’oublie pas de s’arrêter chez le marchand de journaux où elle fait une descente sur les magazines de mode féminins. L’Officiel, Jalouse et Vogue. En version française, s’il vous plaît. « C’est une partie de mon budget de création. Je m’inspire beaucoup de ce que j’y vois mais, les lire, c’est aussi un peu mes devoirs de français » explique-t-elle. Son moment préféré, c’est le dimanche quand elle les feuillette sous la couette en sirotant un thé.
Une baguette sous le bras, elle file dans l’atelier de création de Montmartre, qu’elle partage avec un peintre. En déjeuner improvisé, elle accompagne sa baguette de fromage et de charcuteries, rapportées par sa colocataire suisse.
Elle dessine ensuite des modèles de costumes commandés par des clients américains. Ses dessins seront ensuite envoyés sur place à une société qui les réalisera. En milieu d’après-midi, en bonne élève, elle se rend au Petit Palais pour la rétrospective Yves Saint Laurent. La jeune styliste déambule, calepin en main, parmi la centaine de modèles de haute couture et prêt-à-porter exposés.
« Oh my god, c’est ça Paris ? »
Invitée surprise à la séance de cinéma de 18 heures, Margot, « le petit baby » dont Faith refuse de se séparer. Le chiot est introduit incognito dans la salle au fond d’un sac et dormira sagement pendant la séance, tandis que sa maitresse observera de plus près, les robes à la Jackie Kennedy d’Une éducation, l’histoire d’une adolescente anglaise des années 60. Dans la soirée, Faith retrouve son cercle d’amis. « Ce sont tous des créatifs, soit des pigistes, des photographes ou bien des acteurs ou des musiciens. ». Grâce à eux, elle connaît désormais, les coins les plus sympas de Paris, bars, boites, festivals, « ce qu’il n’y a pas dans les guides ». Elle aime leur raconter son arrivée improvisée à Paris. Son petit ami de l’époque avait réservé un hôtel dans le quartier de Barbès. Ce fut la grosse déception. « Oh my god, c’est ça Paris ? ».
Faith vit désormais dans le 5e arrondissement à deux pas de la rue Mouffetard, l’un des quartiers les plus cosy de Paris. Cette jeune américaine a tout aujourd’hui d’une « bobo » parisienne. Le seul signe qui la trahisse encore : elle commande un café allongé.
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