Le mini-lifting de Perrache
Il y a deux ans déjà, le complexe de Perrache, symbole du tout voiture des années 70, connaissait une petite révolution : l’installation d’un mur végétal dépolluant sur l’un de ses silos. Une première mondiale.
« L’installation n’est pas une simple tapisserie de verdure, mais un véritable exploit technique» explique l’inventeur Pascal Peleszezak, qui a breveté l’innovation, sans aucun diplôme dans ce domaine. C’est en 1995 que lui vient l’idée du projet, puis il dépose ses premiers brevets deux ans plus tard. En 2000, il crée sa PME, Canevaflor, mais cela ne prend pas. Il a dix ans d’avance sur tout le monde. Il avait pressenti les choses, et se retrouve aujourd’hui, enfin, dans l’air du temps. En 2006, le Grand Lyon fait appel à lui pour la construction du mur de Perrache. L’objectif de la communauté urbaine est d’atteindre avec ce projet les exigences de la directive Européenne 2001/81/CE, qui stipule qu’il faut faire baisser de 40% les dioxydes de souffre, les oxydes d'azotes et les Composés Organiques Volatiles d'ici 2010.
Le mur végétal qu’il a élaboré remplit plusieurs fonctions. C’est un isolant thermique et sonore, un dépollueur et une œuvre végétale, bienvenue dans un lieu très bétonné. Bien évidemment, ce mur nécessite une installation complexe. Concrètement, il y a un système de double tuyauterie, un des canaux apporte l’eau qui irriguera la colonne, l’autre qui apporte l’air qui provient des parkings. Il faut ensuite réussir à faire pousser 19 plantes différentes, capables d’absorber les métaux lourds, à la verticale, avec autant d’expositions solaires différentes et un seul entretien annuel.
L’entreprise Canevaflor a fait valider le résultat de l’invention par des chercheurs de l’université de Chambéry. Ceux-ci ont confirmé que les particules polluantes et le gaz à effet de serre présents dans le parking sont aspirés et fixés par la terre, puis dégradés par les micro-organismes. C’est le principe même de la photosynthèse : les plantes se nourrissent de dioxyde de carbone. Ainsi, on observe une réduction de 80% de la concentration atmosphérique des composés organiques volatiles (Benzène, Toluène, Ethylbenzène, Xylène) et de 50% des dioxydes de soufres et d’azotes.
Deux ans après, l’installation du mur est considérée comme un succès par son créateur, qui est aujourd’hui sollicité de par le monde et travaille aussi bien en Inde qu’en Chine. Pourtant de nombreux passants s’interrogent. Pourquoi le mur n’est-il pas unifié et ne recouvre-t-il pas l’ensemble du silo ? Pascal Peleszezak explique qu’il s’agit en fait de 13 colonnes distinctes. L’architecte du Centre d’échange, René Gagès a préféré se contenter de colonnes de verdure afin de mettre en valeur son édifice.
Un deuxième silo devrait se parer de vert d’ici la fin de l’année. Dans le futur l’ensemble des silos pourrait être recouvert. C’est la moindre des choses, lorsque l’on sait que le pôle d’échange de Perrache est à la jonction des autoroutes A6 et A7 et que Lyon est la seule ville de France à voir passer une autoroute en plein centre ville. De plus, le complexe de Perrache coupe littéralement en deux la presqu’île lyonnaise, la pointe sud étant isolée du reste de la ville, comme l’illustre bien l’expression « au-delà des voutes » utilisée pour qualifier le quartier. Alors que Lyon Confluence, le projet phare de Gérard Collomb, maire de la ville, propose de réaménager complètement le sud de la presqu’île, rien n’est encore prévu pour la gare de Perrache. Après le mini-lifting vert, on attendait un ravalement de façade intégral.
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