Jean-Marie, Marine et Bruno, encensés par les militants frontistes d’Ile-de-France
Au nouveau siège du Front national à Nanterre, c’est le DPS, le service d’ordre du parti, qui accueille militants et journalistes, au soir du premier tour des élections régionales. Avec un score national de 12%, la progression du FN est l’un des grands enseignements du scrutin. Pour le plus grand bonheur des militants.
Saumon brioché, macarons et cannelés. Alors qu’on pensait le Front National fauché, le parti a pourtant mis les petits plats dans les grands. Service d’ordre, écrans plats et un buffet digne d’une soirée huppée pour seulement une petite centaine de personnes. A 19 heures, les militants, tout sourire, affichent leur objectif : faire au moins 10% pour se maintenir dans un maximum de région. Pour Paul, 19 ans, militant depuis 2007, « faire plus de 10% enverrait un signal fort pour la reconquête en vue des présidentielles ». À quelques minutes de l’annonce des résultats, Marie-Christine Arnautu, tête de liste Ile-de-France, apparaît stressée et enchaîne les cigarettes, les yeux rivés sur la télé. Marion Maréchal, 19 ans, petite-fille de Jean-Marie Le Pen et seconde sur la liste des Yvelines se tient à ses côtés, entourée d’une ribambelle de retraitées, « très fières » d’être sur sa liste.
Le bonheur des autres
20 heures. Claire Chazal annonce « une mauvaise nouvelle ». Le FN serait à 12% au niveau national selon les prévisions. C’est l’explosion de joie. Le malheur des uns semble faire le bonheur des autres. Marie-Christine Arnautu improvise un petit discours avant de rejoindre les plateaux de France 3. On lui donnerait 8,3%. Insuffisant. « Je parie qu’on sera à 10% à la fin de la soirée, préparez-vous à un second tour. » Elle réclame la démission du patron de la SOFRES, Brice Teinturier, qui ne donnait que 4,8% au FN en Ile-de-France à quelques jours du scrutin.
La soirée électorale se poursuit sur les écrans. On veut voir les « stars » du parti. On appelle chacun par son prénom. On félicite France (Jamet) pour son score honorable de 12% en Languedoc-Roussillon, on acclame Jean-Marie pour ses 20% dans la région PACA, puis Marine et ses 18% dans le Nord-Pas-de-Calais. À l’applaudimètre, elle remporte tous les suffrages et a même droit à des « Marine présidente » tandis que Bruno Gollnisch, candidat en Rhône-Alpes où il atteindrait un score de 14%, doit lui se contenter d’un « bravo Bruno ». À 21 heures, on apprend officieusement, que le score du FN atteindrait 9,6% en Ile-de-France. Les frontistes veulent encore y croire.
Le FN est loin d’être mort
Si en début de soirée, les militants se contenaient, deux heures plus tard, les verres de mousseux ont fait leur effet. On se lâche et la classe politique en prend pour son grade : Cohn-Bendit « pédophile », Rachida Dati, « retourne au pays », Jean-Luc Mélanchon « dégage en Corée du Nord ». Rama Yade se fait traiter d’ « immigrée », mais « elle peut rester, car elle est jolie ». Fin de soirée, en Ile-de-France, le FN redescend à 9,3%. Une petite désillusion vite éclipsée par les très bons résultats nationaux. Les militants ont repris espoir pour 2012. « Le FN est loin d’être mort, il nous reste deux ans pour passer n°1 » assène Marie-Christine Arnautu. Avant cela, le FN sera présent au second tour dans douze régions. Les militants repartent contents, beaucoup ne pensaient pas remettre ça dimanche prochain.
Le journaliste, persona non grata au Front National
Catherine Besson, responsable des relations presse au FN, rechignait à nous accorder des accréditations au motif que 150 journalistes seraient déjà présents sur place. Au soir du premier tour, seule une petite vingtaine de journalistes était en réalité présente au siège du FN. Les correspondants y sont bien souvent mal considérés et les attaques fréquentes. « Vous êtes tous de gauche, vous n’êtes jamais pour le FN ! » accuse une dame d’une cinquantaine d’année qui refuse d’être prise en photo. La méfiance règne. Les militants font attention à ce qu’ils disent, chuchotent et alertent leurs acolytes : « attention il y a des journalistes qui se baladent ». Certains journalistes semblent pourtant leur donner raison quand ils annoncent le bon score du FN comme une « mauvaise nouvelle », sortant ainsi de leur devoir de réserve. Au point que les militants s’amusent désormais à deviner les scores du FN en fonction de la tête des journalistes : « s’ils font la gueule, c’est que c’est bon signe ».
1 commentaires:
Bravo pour cet article!
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